home is where the heart is • milo.

Les écouteurs plantés dans les oreilles, tu as un album de Delain qui tourne en boucle depuis des jours, tu files à vive allure sur ton vélo à grands coups de pédales. Un rendez-vous presque hebdomadaire est passé à demi-mot entre vous. Vous, c'est Milo et toi. Ce grand homme aux valeurs qui résonnent en toi, s'est récemment fait une place de choix dans ton cœur et dans ton âme. Tu pourrais l'appeler "mon ami" en parlant de lui aux autres que ça ne t'étonnerait plus. En ce beau samedi, frais, mais beau, tu t'encourages à retourner chez "eux" -c'est aussi le père de Joleen, ce petit cœur- pour aller aider le mieux que tu le peux le charpentier improvisé.

Tu te souviens sur la route de votre rencontre incongrue et de la façon dont vous en êtes venus à discuter de la rénovation de sa maison. Très vite, le projet t'as emballé et tu as proposé ton aide bénévole et volontaire pour apporter ta pierre à l'édifice -dans tous les sens du terme-.

Ton bonnet bien enfoncé sur le haut de la tête, il te protège les oreilles et empêche le vent de te décoiffer outrageusement. Tes joues rosies par le froid et la buée qui s'échappe d'entre tes lèvres sont les preuves d'un froid ambiant et hivernal. Mais alors que tu mesures tes efforts lors des montées infernales, tu aperçois enfin le toit de la bâtisse visée. Un sourire étire tes lèvres un peu gercées, et tu vois alors en approchant encore le bonhomme à la carrure de sportif en haut d'une échelle déjà affairé.
- « Hello Milo! Tu as commencé sans moins! J'arriiiiive! » achèves-tu en redoublant la vitesse pour ne pas manquer à ta parole.

Il ne te faut plus longtemps pour reposer ton vélo contre le portail de l'entrée et passer pour le rejoindre directement sans plus de salamalecs. Tu le gratifies d'un petit "coucou" et tu enchaînes avec un large sourire et des yeux remplis de larmes à cause du vent :
- « Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider aujourd'hui? » et tu souffles dans tes mains jointes pour les réchauffer sommairement.

Tu fais en sorte que les travaux avancent, d'ailleurs tu passes la plupart de tes week-end à peindre, poncer, couper, clouer... Enfin, tu ne te laisses pas aller. Tu sais que cela prendra encore du temps, tu en es conscient, mais chaque jour, tu es de plus en plus pressé de voir le résultat de tes efforts aboutir. Ta défunte femme serait fier de ce que tu es en train d'accomplir, il n'y a aucun doute. Ta fille t'aide beaucoup, sans doute trop, tu lui répètes souvent de prendre du temps pour elle ; plutôt que de t'aider à peindre toute l'après-midi du dimanche.
Une nouvelle semaine s'est déroulée, tu sais déjà ce que tu vas faire en ce beau samedi ensoleillé mais froid : continuer l'avancée des travaux. Tu as de petits bras supplémentaires, l'aide de Charlie. Tu t'entends bien avec elle, le contact passe bien. Ce n'est pas la première fois qu'elle vient t'aider, ni la dernière.
Tu ne l'attends pas pour débuter, tu es en train de retirer toutes les vieilles feuilles mortes des gouttières. C'est sans doute la chose la plus rapide de la journée que tu as à faire. En haut de ton échelle, fredonnant un air d'une vieille musique dont tu as la moitié des paroles ; tu sursautes presque en entendant la voix de Charlie.
- Hey ! Oui j'ai commencé par le plus rapide et le moins chiant !
Tu lâches un rire tout en descendant de ton échelle. Tu remarques ses yeux embués, sans doute dû au vent glacial.
- Si tu veux on peut boire un café ou un thé avant de commencer ? J'ai prévu de repeindre une vieille chambre !
La couleur rose pâle de cette chambre te fait peine, tu ne parviens plus à ouvrir la porte sans soupirer. Cette chambre ne sert pas, mais elle pourrait sans doute être la première disponible pour ton envie de mettre en place une maison d'hôtes. Tu as laissé ta fille choisir un joli vert "velours tilleul". Tu te demandes pourquoi les peintures ont toujours des noms étranges.