et dans la nuit apparait la lumière ... (pepper & joleen)

 @Joleen Singleton

Tu ne sais pas vraiment quelle heure il est quand tu quittes le poste. C’est le genre de détails auxquelles tu ne prêtes jamais attention. Tout ce que tu sais, c’est qu’il est tard. Il faisait déjà nuit quand ton téléphone avait sonné. Un numéro que tu connais par cœur, une voix qui dans un soupir t’indique un appel de la part d’un des Grizzlys. Son unique appel. Celui qu'on passe d'une cellule de gisement. L’alcool coule dans sa voix et il te raconte une histoire que tu connais par cœur. Une histoire qu’on t’a déjà raconté des dizaines de fois. C'était à ton tour d'exprimer un soupir en comprenant que tu allais encore devoir jouer les baby-sitters pour le sortir de là. Un appel à sa mère pour le prévenir. Un appel qui te ferait presque regretter ton métier - parce que tu t'en fiches pas mal que sa copine l'ai plaqué-, toi, tu voulais mater ta série en mangeant chinois. Heureusement que tu n'avais pas encore commandé. Malgré tout, tu estimes que ton passage au poste était rapide et le jeune Grizzly avait pu repartir avec sa mère. Lui, allait passer une mauvaise nuit, c'était certain mais ce n'était pas ton souci. L'accord était de leur faire éviter les ennuis avec la police, pas avec la famille. Tu étais donc rapidement reparti sur ta moto, t'offrant un tour en ville avant de rentrer. Tu as toujours adoré rouler la nuit, la ville est différente, plus sombre et tu adores cela. Tu as l'impression d'y voir ses moindres défauts, bref, tu te balades durant un bon moment quand tu te décides à rentrer chez toi. Tu étais en train de rouler tranquillement quand la lumière de ton phare semblait te montrer un accident. Ton regard cherche un véhicule et il croise une trottinette. Vraiment ? En pleine nuit ? C'était étrange et en même temps, rien ne pouvait te surprendre dans cette ville. Mais le véhicule n'était pas seul. Sur le moment, tu n'avais pas vu grand-chose sauf que ça bougeait. Mais au milieu de la route ? En pleine nuit ? Pas besoin d'être Einstein pour comprendre que ce n'était pas normal. Homme ? Femme ? Enfant ? Tu étais incapable de trouver une réponse en si peu de temps, dans le noir. Alors naturellement, tu te gares sur le côté, tu retires ton casque que tu déposes sur le rétroviseur de ta moto et tu cours vers la silhouette. « Vous allez bien ? » Est-ce que tu es inquiète ? C'est une évidence. Tu avais vu beaucoup de choses dans ta vie, Pep. Plus de blessures que tu ne voudrais, plus de drames mais c'était le genre de chose auxquelles on ne s'habitue jamais. Une fois à proximité, tu te rends compte que ce n'est qu'une adolescente. Elle doit avoir quoi, seize ? Peut-être dix-sept ans ? Tu te demandais ce qu'elle faisait ici, seule, en pleine nuit, ce n'était pas normal. Alors c'était avec prudence que tu t'approchais d'elle. Les adolescentes sont comme les papillons, tu sais que si tu es trop brutale, elle va s'envoler et ton instinct te dit que ce n'est pas une bonne idée, qu'elle a besoin d'aide. Même si tu ignores encore à quel point. « Je m'appelle Pepper. Tu as mal quelque part ? » Elle a l'air amoché, mais sans t'approcher, avec l'obscurité comme contrainte, il est difficile pour toi de voir si c'est superficiel ou pas.

 @Joleen Singleton

Tu n’avais pas prévu de croiser quelqu’un ce soir. Encore moins une demoiselle en détresse mais malgré l’ours sur le dos de ton blouson, vous n’êtes pas des monstres, Pep. Si la moitié de la ville en doute, toi, tu le sais depuis toujours. Comment des monstres auraient pu accueillir une femme enceinte, abandonné par sa fille ? Comment des monstres pourraient donner un but à tous ses gamins paumés de la ville. Certes, vous n’êtes pas des anges, non plus, tu le sais parfaitement. Tu connais une bonne partie des casiers judiciaires des Grizzlys et ce n’est pas beau à voir mais cette ville vous donne une réputation qui te donne envie de vomir. Qui te donne envie de crier à l’injustice, ce que tu fais derrière ta robe noire dans une salle de tribunal. Alors forcément, quand tu vois cette demoiselle abimée au bord de la route, tu gares ta moto sur le côté et tu te précipites pour la rejoindre. Pour t’assurer que tout va bien. Tu n’es pas un as des choses à roulettes –d’ailleurs, tu n’en as jamais fait- mais tu sais à quel point face à une voiture, ce genre d’engins peut se froisser comme un morceau de papier.

Quand tu veux t’approcher d’elle, tu ressens une méfiance, une peur que tu ne peux lui reprocher. La nuit plane autour de vous, elle doit avoir du mal à distinguer la forme de ton corps et même si tu essayes de rendre ta voix douce, tu as bien plus l’habitude de crier contre des hommes alcoolisés que de parler aux oisillons égarés. Alors, tu restes à distance, assez loin pour ne pas l’effrayer mais assez prêt pour te rassurer car oui, tu t’inquiètes pour elle. Tu ne vois rien de ses blessures, l’obscurité joue contre toi. Alors tu lui donnes ton prénom, signe que tu ne lui veux aucun mal. Est-ce qu’un tueur donnerait son prénom à sa victime ? Tu envies de dire « non » mais la réalité, c’est que tu n’en sais rien. Tu n’es pas un tueur et tu n’en connais pas –enfin si peut-être, mais pas de psychopathe tueurs en série-. Tu vois qu’elle essaye de bouger. Te fuir ? Ou te montrer sa blessure ? Entre ses deux solutions, tu hésites. « N’essayes pas de bouger. Selon ta blessure, tu pourrais empirer les choses. » Elle te tente de se lever et manque de tomber. Sans réfléchir, tu avances pour l’aider, rattraper sa chute inévitable avec une jambe blessé, encore plus inévitable avec des roulettes. « Tu permets que je t’aide à rejoindre le lampadaire un peu plus loin ? On y verra plus clair. » Et vous serez plus en sécurité. On ne sait jamais qui peut s’amuser à faire des excès de vitesse en ville et ce petit accident pourrait prendre une tournure bien plus dramatique. Quoiqu’il en soit, vous alliez avoir besoin d’un peu d’aide car tu n’étais pas médecin et clairement, la moto comme moyen de transport n’était pas le mieux d’après ce que tu avais pu comprendre de ses blessures.

 @Joleen Singleton

Dans ta vie d’avocate, tu avais eu l’occasion de te retrouver face à de nombreuses situations mais tu dois bien avouer que celle que tu es en train de vivre est une première pour toi. Bien plus habitué à te frotter à la dureté et la fierté des grizzlys qu’à la douceur d’une jeune adolescente blessée. Cependant, au fond de toi, tu te sens capable de l’aider, parce qu’au fond de toi, tu te souviens parfaitement de l’apparence d’adolescente rebelle que tu montrais au monde mais qui cachait surtout l’oisillon blessé par la vie que tu étais. Alors tu décides de suivre ton instinct, d’y aller avec la douceur dont toi, tu aurais eu besoin. Una approche en douceur, histoire de la mettre en confiance, de la rassurer. Naturellement, tu lui proposes de vous rapprocher de la lumière afin de vous mettre en sécurité mais également d’avoir une meilleure vision de ses blessures. Tu n’es pas médecin mais entre un une fracture ouverte et un bleu, tu es tout de même capable de faire la différence. Tu lui laisses cependant prendre la décision finale et quand elle acquiesce en silence, tu lui tends naturellement la main pour lui venir en aide.

Quelques secondes plus tard, elle est debout et ensemble, vous arrivez à lui faire traverser la route pour rejoindre la lumière. Par chance, la route n’est pas si passante que cela, aucune voitures ne vous avaient rejoint depuis ton arrêt mais il veux mieux être trop prudent qu’attendre qu’il soit trop tard. Une fois de l’autre côté, tu vois son regard et tu le trouve un peu étrange, elle a une manière de te regarder qui te surprend et oui, qui t’inquiète aussi. « Est-ce que tu peux me dire quel jour on est ? Et dans quelle ville nous sommes ? » Des questions basiques en apparence, à la réponse évidente mais idéale pour détecter si elle a une commotion, car il y a une chose auquel tu n’avais pas pensé, une blessure que tu n’avais pas imaginé : sa jolie petite tête brune. Tu regardes ensuite ton téléphone qui annonce toujours aucun réseau, cela te laisse perplexe, comment c’était possible ? Les zones blanches n’étaient pas censées disparaitre ? Et puis, bon Cornelius n’est pas New-York mais ce n’est pas non plus un petit village au milieu du Texas. En temps normal, tu aurais râlé ouvertement mais là, tout reste dans ton esprit, tu ne veux pas l’inquiéter encore plus. Là, tout de suite, tu dois être l’adulte.

 @Joleen Singleton

Elle te regardait de manière assez étrange, tu mettais cela sur le compte de sa chute qui avait dû sacrément la secouer. C’était aussi pour cela que tu lui avais posé des questions qui t’avait valu de probablement passé pour une folle mais soit. En temps normal, les rares fois où tu avais vécu cette situation, tu avais demandé es prénoms, ceux des enfants ou encore une adresse et bien souvent c’était aux grizzlys. Cette fois, tu ne l’as connaissais pas alors, tu avais opté pour des questions plus générales telle que la date et sa réponse d’avait volé un petit sourire. « Presque minuit en effet. Nous sommes encore le 12. » Tu étais rassuré, en tout cas. Non, seulement elle était maligne mais elle n’avait pas de commotion apparente. Cependant, ce n’était pas avec tes quelques notions apprises sur le terrain que tu pouvais te prétendre médecin. Il fallait qu’elle en consulte un, de garde à l’hôpital, peu importe. Tout allait surtout dépendre de sa douleur. Sa tête semblait aller bien, mais pour sa jambe c’était une autre affaire. « Ce n’est pas grave, j’ai l’impression que tu n’as pas de commotion mais il faudrait tout de même faire quelques contrôles. » Cela semble évident mais tu préfères l’annoncer comme un conseil pour pouvoir observer sa réaction. Tu sais que trop bien que le mot « hôpital » peut-être effrayant pour diverses raisons. Toi-même durant des années, tu ne voulais pas y aller parce que cela te rappelais uniquement la mort de tes parents. Et le plus important était de ne pas l’effrayer. Est-ce qu’elle était orpheline ? En fugue ? Ou simplement une adolescente rebelle comme tu avais pu l’être ? Tu ne savais pas, elle ne semblait pas être une demoiselle malheureuse, malgré l’accident, tu voyais que sa tenue était propre et qu’elle était une jeune femme plutôt soignée. « Non, je suis avocate, je m’appelle Pepper. » L’occasion de te présenter et de lui prouver que tu ne lui veux aucun mal. « Ta jambe, ça va mieux ? Tu veux que je te conduise quelques parts ? Ou que j’appelle les secours ? »