(Todd&Pepper) Eye of the tiger

 @Todd Allen

Deux ? Peut-être trois heures maintenant que tu uses ton esprit sur ce dossier. Tu sais que quelque chose ne colle pas, tu es capable de sentir un piège à des kilomètres mais tu n’as pas le mobile. Tu ne sais pas pourquoi quelqu’un en voulait autant à ce pauvre gamin totalement apeuré que tu avais croisé cet après-midi. Certes, un gamin des quartiers pauvres, un gamin qui aurait pu finir avec votre blouson sur le dos et beaucoup d’ennuis mais il avait pris un autre chemin. Il avait une famille, enfin juste une mère qui travaille dans des motels. La mort de son mort n’avait rien de suspect puisque c’était la maladie quand le gamin avait quatre ans. Il avait un job aussi, des plus classiques qui lui permettait de se payer des cours du soir, des notes qui semblaient lui ouvrir des portes universitaires prochainement (enfin si son casier reste vierge et qu’il réussit à obtenir une bourse). Bref, en apparence, il n’y avait rien qui pouvait indiquer que du jour au lendemain, il décide de voler la caisse qu’il utilise depuis des années. Peu importe le patron qui disait qu’il était le seul avec un mobile, tu voyais bien dans son regard qu’il avait compris l’enjeu de cette accusation. Et c’était la genre d’affaire qui réveillait la lionne en toi. L’injustice, c’est ce qui t’a fait choisir cette voie et tu aimes ce genre d’affaires en temps normal mais là, là, c’est compliqué et tu ne peux pas te permettre de le laisser être accusé. De le laisser gâcher une vie qu’il se tue à construire. Les feuilles du dossier sont éparpillées autour de toi comme si tu tentais de résoudre un crime et c’est sur un coup de tête que tu prends une décision. La nuit est tombée dehors mais ce n’est qu’un détail. Tu rassembles les pages du dossier que tu ranges dans ton sac de sport. Tu l’attrapes ensuite et tu chevauches ta moto en direction de la salle de sport. Ouverte 24h/24, 7jrs/7, idée brillante d’un pauvre quartier qui se doit d’accueillir les gens égarés, de leur offrir un toit. Tu salues le gérant concentré sur son match de catch, comme toujours et tu t’isoles dans le fond de la salle. Tu balances ton blouson et ton sac sur le banc et dépose le dossier que tu connais par cœur à côté, ouvert. Et tu frappes, tu t’enfermes dans ta bulle, énumérant à voix basse chaque fait, chaque preuve. Tu repasses tout au peigne fin, il faut que tu trouves la faille, c’est vital et tu n’as plus que quelques heures.