good liar. (luz)

neuf heures du matin, peter était déjà dehors, son appareil photo autour du cou. il avait un jour de relâche et comptait bien en profiter pour déambuler dans cornélius et redécouvrir la ville de son enfance. rien n’avait vraiment changé, la boutique de bonbons était toujours là, comme la pizzeria ou ses parents les emmenait, lui et audrey et parfois avec luz aussi. ils étaient un peu comme les trois mousquetaires à cette époque, invincible et rempli d’imagination, rien ne les atteignait, sauf peut-être les punitions de leurs parents. et encore, tous jeunes qu’ils étaient, ils en tenaient déjà une sacré couche. et puis leurs cœurs avaient brisé quand les hansen avaient du déménager pour raison professionnelle. il était plus facile pour les parents d’habiter à même la grande ville. le cœur d’enfant de peter n’avait jamais vraiment pardonné à ses parents d’avoir fait ça.

mais maintenant, il était de retour, après quinze ans d’absence, il comptait bien rattraper son retard. alors peter passa sa matinée à mitrailler tout ce qui pouvait bouger avec son argentique. plus ou moins discrètement, il prenait les passants, les devantures des magasins, des instants de vie graver à tout jamais sur ses pellicules. il passerait les jours suivant dans sa chambre noire artisanale, à développer tout ça avant de trouver un endroit où les exposer. y’avait bien une galerie dans ce petit patelin qui voudrait bien de lui. à portland, il avait trouvé. il avait vendu, quelques photos, plus pour le fait de vendre et avoir du succès que pour l’argent. ses parents étaient toujours derrière lui et il l’avouait sans honte, il en profitait encore largement.

à midi pile, il s’installait à l’intérieur d’un café. il avait en rendez-vous avec la princesse de ces lieux, et puis aussi sa plus ancienne amie. alors autant elle détestait qu’on la fasse attendre, elle ne se privait jamais pour arriver en retard. c’est pas grave, peter en profita, armé de son appareil, de prendre quelques clichés du lieu. et puis quand luz passa la porte, il se planta devant elle, activa le flash et prit une photo de sa tête en gros plan. hilare, parce que forcément fier de sa connerie, il regarda sa montre. que quinze minutes de retard, tu te surpasses très chère. il s’assoit alors à leur table. que puis-je donc t’offrir ?

solaires greffées sur le bout du nez elle dévale les marches lustrées de l'escalier. ses billes roulent autour de leur orbite lorsqu'elle aperçoit la silhouette qui sera son ombre aujourd'hui. nowls qu'elle dévisage sans ménagement. le dédain en parure elle lui passe devant sans lui accorder la moindre attention, ni salutation. luz, elle exècre sa façon de prendre son rôle au sérieux, de se prendre pour liam neeson dans un remake boiteux de taken. cette fichue manie de lui coller au train plus que nécessaire sous prétexte qu'il est payé pour le faire. tout ça parce qu'elle a osé le semer quand il avait le dos tourné. pas un mot non plus d'échangé tout le long du trajet, pas la moindre envie de gaspiller sa salive pour un si piètre homme. encore moins lorsque l'on sait que son niveau de conversation ne dépasse pas celui d'un gosse en élémentaire.

il est midi lorsque nowls s'extirpe de la voiture pour lui ouvrir la porte. midi pile, c'est trop tôt. pas maintenant. voix désabusée, les opales rivées sur son écran, elle le laisse poireauter au milieu du trottoir sans la moindre culpabilité. c'est que la princesse n'aime pas qu'on la fasse patienter et qu'elle préfère de loin le confort de son audi à celle du café. midi dix, elle cogne finalement contre le carreau pour que monsieur fasse son boulot. luz, elle a conscience qu'elle le traître avec irrespect, mais elle s'en contre fiche. parce que tout en lui éveille en elle un sentiment de rejet. une aversion physique qui se retranscrit sur chacun des traits de son visage. et si elle est difficile à vivre - et à suivre - nowls est bien le seul qu'elle dédaigne autant. le seul à ne pas connaître la notion d'intimité qu'elle s'évertue à chaque fois de lui faire respecter - en vain. s'en suit une discorde qu'elle connait par coeur, quand elle lui somme de ne pas entrer à l'intérieur. refus catégorique de l'intéressé et luz use une fois de plus de la menace de se plaindre à papa et de le faire renvoyer. c'est qu'elle s'apprête à retrouver peter et qu'elle n'a pas le moins du monde envie d'être dérangée. qu'elle désire que les moments en compagnie de son plus vieil ami reste de l'ordre du privé.

surprise par le flash qui capture son image à peine la porte franchie, luz remonte ses lunettes sur son crâne pour dévisager celui qui a osé l'importuner. mais son air dur, froid, se dissipe aussitôt qu'elle l'aperçoit. peter qui fait naître instantanément un sourire sur ses lippes. t'as intérêt à me la montrer avant d'en faire quoi que ce soit. sourcil arqué elle le toise avec sérieux, peu désireuse de voir affichée au monde entier une photographie qui puisse la montrer sous un mauvais angle. toujours pour toi boo. minois angélique elle dépose furtivement un baiser sur sa joue avant de s'installer sur sa chaise déposant avec soin son sac sur la table. je prendrais un mimosa. à défaut de ne pas avoir mieux dans un endroit pareil. et tes premières impressions, évidemment. sur la bande qu'elle n'a pas besoin d'ajouter tant son rictus parle de lui même. vilaine curiosité qu'elle loge dans la profondeur de son regard. elle a besoin de savoir, luz, pas prête à tourner quarante ans autour du pot.
@peter hansen

le flash l’aveugle aussi un peu, à cause des lunettes qui le reflète. il sait déjà que la photo ne sera pas exploitable mais se contente d’un sourire en coin et d’un hochement de tête. oui, bien sûr. il avait bien envie de lui dire qu’on s’en foutait de son image, que c’était eux, que toute façon, il avait des photos d’eux en maillot de bain couche à jouer dans une pataugeoire. c’était une de leurs différences certaines, peter s’en était toujours foutu de son image, il faisait certes des efforts pour ses parents mais ça s’arrêtait là. y’avait bien quelques clichés de lui sous son mauvais jour dans quelques magasines à un potins, « la jeunesse dorée se déchaine. » mais ça lui était bien égale. après tout, il vivait pour lui, pas pour les caméras ou ses parents. même s’il savait que ce n’était pas pareil pour tous les enfants aux parents qui ont les poches remplies. on leur dit souvent qu’ils ont de la chance mais peter en connait bien deux ou trois qui préférait troquer la couronne dorée contre un chapeau de paille. tu es belle en toutes circonstances très chère. il papillonne des yeux, elle pose un baiser sur sa joue avant qu’il n’aille commander la boisson de son amie. et tes premières impressions. il arque un sourcil avant de comprendre rapidement.

elle voulait ses premières impressions sur son groupe d’amis. le sourire s’élargit un peu, oui, il y en avait des choses à dire, sur multiples sujets mais le jeune pianiste garderait la moitié pour lui, il l’avait promis. il comprenait la relation tumultueuse entre luz et son camarade de classe, l’évolution de leur relation leur appartenait, il n’avait aucune envie de pulvériser ça. alors il se contenterait de la surface. vous avez l’air d’un groupe soudé, ça va être compliqué de s’intégrer. il savait qu’en une phrase, il venait de déclencher un interrogatoire. mais il continue, de la regarder, satisfait pour une fois d’avoir toutes les cartes en main. y’en a quelques uns d’un peu méfiant, victor et alba mais je peux les comprendre, voir un inconnu avec un grand sourire essayer de se mettre tous le monde dans la poche sous prétexte qu’il connaît la queen bee du groupe, ça peut refroidir. petit pause, petite gorgée du verre d’eau posée sur la table avant de reprendre. mais rien que je ne puisse apprivoiser au bout de quelques semaines. un peu vantard de ses talents sociales, peut-être, mais au bout du compte, on pouvait pas vraiment lui refuser quelque chose, avec ses boucles blondes et ses yeux clairs. il avait l’air d’un ange. suffisait qu’il colle un sourire suffisamment convaincant et prenne ce ton un peu innocent, de mec bienveillant et serviable pour que tout se passe comme sur des roulettes. olivia et eli sont cools, non, le seul vraiment qui me laisse perplexe, c’est baby.

il s’en voulait un peu de faire ça, mais il allait devoir se servir de luz pour en savoir plus sur son si secret pianiste. tant qu’elle ne savait pas le pourquoi du comment, ça ne ferait de mal à personne, non ? je sais pas, il était froid. on s’parlait pas déjà au conservatoire mais là, ça risque pas de s’arranger. quoi que l’attitude qu’il avait eu à son encontre le laissait perplexe. entre son message que le spectacle commence et sa froideur à la fin, peter ne savait pas. non, il préférait garder en mémoire la chaleur de leur étreinte, ça lui semblait bien plus pertinent. et eux, ils pensent quoi de moi ? chacun son tour. il pose sa tête dans sa main, dans l’attente.

proche de son image, elle l'a toujours été. soigneusement éduquée par sa mère pour être belle et raffinée en toute circonstance, elle a conscience d'avoir été avantagée par sa génétique. une plastique qu'elle désire parfaite et qu'elle travaille pour ne pas subir les conséquences des années - une tare qu'elle sait pourtant inévitable si ce n'est par cette magie appelée chirurgie esthétique à laquelle elle ne compte pas, absolument pas, recourir. luz est belle, au naturel et c'est sans doute ce qui hérisse le plus les poils que sa matrone n'a plus - carbonisés sous le joug d'un laser onéreux. alors forcément qu'elle s'est habituée à recevoir des compliments tant et si bien qu'ils n'ont plus tant d'importance, maintenant. évidemment. réflexion indubitable bien que quelques dossiers se terrent dans un placard - des photographies d'elle gamine ou abimée par les excès.

bien qu'heureuse de retrouver peter, la raison de leur entrevue ne tarde pas à être mise sur la table. luz, à la curiosité parfois mal placée et dont les intentions ne sont pas nécessairement celles qu'elle laisse transparaître, sonde ses premières impressions. cet avis qu'elle trépignait de connaître depuis qu'elle les a présenté. faussement détachée, elle accueille ses paroles et les commente en pensées. un groupe soudé, sans doute qu'ils le sont depuis des années malgré le monde dans lequel ils sont nés. ces hauts et ces bas qu'ils ont traversés et les dramas auxquels ils n'ont pas échappés. un rictus amusé se dessine sur ses lèvres lorsque peter la surnomme la queen bee. un statut qui flatte l'égo, mais qu'elle sait légèrement faux. si luz s'évertue à être le centre de l'attention - notamment de baby - elle sait que les amitiés du groupe sont hiérarchisées avec un peu plus d'équité. pour son plus grand dam. peter parvient à lui soutirer l'ébauche d'un rire. elle, persuadée que son charme peut venir à bout des plus réticent, n'a jamais douté de sa capacité d'intégration. c'est bien l'unique raison pour laquelle elle a tant hésiter à l'introduire dans sa sphère, craintive sans doute qu'il prenne une place plus grande qu'elle - ou que lui la délaisse au profit des autres. une attention que luz cherche constamment à garder su elle, générant des insécurités qu'elle masque derrière des couches de sarcasme. il n'y a bien que lorsqu'il mentionne le prénom de baby qu'elle se referme. une lueur pourtant balayant ses iris surplombés par ses sourcils arqués. peter a, indubitablement, piqué son intérêt bien qu'elle n'en montre rien. impassible, mais prête à défendre celui qu'elle considère - un peu trop - comme chasse-gardée.

elle pensait pouvoir s'en sortir avec ces informations qui, d'une certaine manière, tendent à la rassurer. mais non. la question retournée, elle est dubitative luz. pas encore bien renseignée, elle se prête tout de même au jeu. globalement la même chose que ce que tu penses d'eux, je dirais. ou comment n'apporter qu'une réponse trop vague pour être digne d'intérêt. on en a que très peu parlé, c'est ton avis que je voulais en premier. qu'elle se rattrape, les cils papillonnant - bien que ce soit en grande partie vrai. malgré les années tenus à l'écart l'un de l'autre, peter a une importance singulière de celle qui ne se fane pas avec le temps et la distance. pour alba et victor, il suffit simplement qu'ils apprennent à te connaître, je me fais pas de soucis. elle même a vécu des premiers temps difficiles avec celle qui se trouve être aujourd'hui l'une de ses plus proches amies. luz, elle n'a rien a ajouté concernant olivia et eli puisqu'ils sont, visiblement, d'ors et déjà charmés. mais, faisant mine de se donner le temps de la réflexion, elle sait qu'elle esquive volontairement le sujet qui la touche plus intensément. baby... ce prénom constamment sublimé entre ses pulpeuses, qu'elle laisse s'évaporer en gré de son souffle. un suspens qui n'en est pas vraiment un, luz cherche ce qu'elle serait à même de raconter en contraste de ce qu'elle maintiendra gardé. baby est un sujet délicat qui lui fait, généralement, vivre des émotions contradictoires. disons qu'il aurait été moins froid si vous ne jouiez pas du même instrument. qu'elle concède finalement. le piano dont elle pourrait entendre la mélodie rien qu'en fermant les paupières. ce point en commun qu'elle n'avait pas noté, qui détient pour autant une importance capitale. ou si t'étais mauvais. lippes retroussées, compliment masqué, elle dévoile entre les lignes ce qui pourrait bien le troubler. parce qu'il suffit de connaître un tant soit peu baby pour savoir combien la pression l'accable d'être premier. meilleur pianiste au doigté inégalé.
@peter hansen (désolée de l'attente chat)