(Felix&Livia) Tonight

 @Felix Burrows

Depuis ta sortie de l'hôpital, les choses étaient assez compliquées dans ta tête. Tu avais le sentiment d'être encore la jeune femme à la fois rebelle et fêtarde, qui aimait la vie et s'amuser et en même temps, tu étais devenue maman. Est-ce que cela ne voulait pas dire devenir sage ? Tu ne savais pas vraiment. Pas vraiment qui tu étais, pas vraiment comment devait être une mère. Tu étais perdue depuis l'annonce de ce bébé et en même temps, sous son charme dès le premier regard, c'était vraiment compliqué, étrange. Mais surtout tu savais qu'être une maman voulait dire être responsable. Est-ce que tu étais prête pour cela ? Alors que tu n'avais rien. Pas d'études, pas de job, même pas un logement, tu squattes la chambre de ton fils chez ton frère. Tu te sens pathétique et en même temps prisonnière, c'est aussi pour cela que tu as besoin de sortir. En temps normal, c'est Alba que tu appelles dans ce genre de situation mais pas ce soir, ce soir, tu as besoin de quelqu'un dont tu es moins proche et dont l'esprit festif à toujours été là. Et c'est tout naturellement que tu as pensé à Felix. Est-ce qu'il sait pour l'accident ? Tu l'ignores et vu ses textos, il ne sait rien pour ton fils en tout cas. Quelques textos plus tard, tu as une adresse. Et comme une gamine, tu dois demander l'autorisation à ton frère pour sortir. Autorisation qu'il te donne en ricanant, mais avec un bébé à garder, ça te semblait nécessaire. Ou stupide puisqu'il s'en occupe depuis presque trois ans. Mais bref, rien d'extravagant dans ta tenue, un jean noir et un caraco rouge, caché sous un perfecto de cuir, comme toujours enfin comme avant surtout. Tu prends ensuite la route pour rejoindre le lieu de rendez-vous où il ne semble pas encore être arrivé.

 @Felix Burrows

Tu avais besoin de sortir, de boire, d’être jeune et tu avais naturellement pensé à Felix. Il allait probablement moins jouer les infirmières au grand cœur qu’Alba et il avait toujours eu les bonnes adresses pour aller faire la fête et se changer les idées. C’était exactement ce dont tu avais besoin. Tu ne savais pas si il était au courant pour ton accident. Tu savais que Sam avait tenté de garder l’information pour lui le plus possible, seules les personnes les plus proches devaient être au courant. Enfin, tu supposes, la vérité c’est que tu n’as pas demandé une liste complète pour savoir qui te pensaient morte et qui te pensait en train de danser sur une plage en Floride. « Felix ! » Un sourire simple et sincère se dessine sur ton visage et tu le sers dans tes bras pour le saluer. Comme un souvenir lointain et proche et la fois. Un peu étrange, tu dois l’avouer même si tu commences à t’habituer à cette sensation. « Trop de choses pour une personne.. On s’était arrêté où déjà ? » Histoire que tu ne fasses pas doublon dans les explications qu’il a pu recevoir, mais aussi que tu ne traites pas trois années dans le coma comme une sieste un peu trop longue.

 @Felix Burrows

« Excellente mémoire, j’avais même une bourse pour cela mais j’ai tout foiré… » Tu fais une légère moue, sa question confirmait ce que tu pensais. Il ne savait rien de l’accident, du coma et de tout ce que tu n’avais pas vécu durant ses dernières années. « J’ai eu un gros accident de voiture en rentrant d’un rencard foireux, ça a mis ma vie en pause on va dire.. Enfin bref, parle-moi de toi ! Qu’est-ce que tu as fait de toutes ses années ? » Tu n’avais pas honte de l’accident, tu n’aimais juste pas en parler. Parce que tu avais le sentiment que ta vie tournait autour de lui. Tout le monde ne parlait que de lui et même ce n’était pas ta faute, tu culpabilisais toujours un peu. Mais cela, tu le gardais pour toi, marre qu’on te répète toujours la même phrase. Marre d’entendre que malgré tes yeux mouillés cette nuit-là, l’unique responsable était le chauffard qui avait grillé un feu rouge à vive allure, faisant voler ta voiture comme un chiffon sur le bord de la route. « Vois le bon côté, j’ai pas vu le temps passé » Jeu de mots pourri, humour presque noir qui n’amuse que toi. Mais de toute manière, tu n’es pas rancunière Liv, c’est pas ton genre et il le sait. « Et je suis très contente de voir que tout n’a pas totalement changé » Parce que tu imagines bien qu’en trois ans, Felix aussi a dû changer un peu. Quoiqu’il en soit, tu es sincère, ta vie est véritable merdier qui ne ressemble à rien mais tu attendras demain pour tenter d’y mettre un peu d’ordre. Ce soir, tu t’autorises quelques heures à n’être que toi et cela va te faire le plus grand bien. « Fils. C’est ouf, je réalise pas encore je crois, en vrai je réalise pas grand-chose de ma vie actuelle mais bon, parait que c’est normal alors je vais faire confiance au temps » Peut-être que cette fois, il jouera en ta faveur, qui sait.

 @Felix Burrows

« Et tu fais des études de quoi ? Tu as pas moyen de trouver un peu de fun dedans pour varié ? » Tu ne sais plus ce qu’il faut comme étude, tu ne t’en souviens pas mais tu supposes que dans chaque branche, il y a toujours quelques variant possible. Enfin si la base lui plait évidemment, des études de médecine à quelqu’un qui n’aime pas le sang par exemple ça semble compliqué mais en dehors de ce genre de détail, il y a une multitude de métiers possibles. Peut-être que dans sa branche aussi et puis, il est malin Felix alors tu doutes qu’il reste dans un job qui ne lui plait pas sans rebondir. « C’est ce qu’Alba n’arrête pas de me dire, j’ai l’impression d’avoir raté tellement de trucs, c’est ouf ! Et tu devrais voir ma garde-robe, je suis has-been » Tu riais en le disant parce que tu sais que tu abuses. Tu as toujours adoré le shopping, tu y allais presque toutes les semaines mais tu n’as jamais été de ses filles qui court chez Zara pour acheter le dernier truc à la mode, toi, tu es plus friperie, récup. Moyen financier oblige mais aussi rebelle contre la dictature de la mode. Tu riais de nouveau devant son avalanche de question et cela te faisait un bien fou. Felix, tu étais naturel, il ne cherchait pas à te ménager et cela te faisait un bien fou. « Sérieux, c’est un truc de malade, je ne sais pas comment c’est possible ! Sam m’a dit qu’un appareil avait été placé sur le bébé pour surveiller ses constantes et il a tenu. C’est lui l’a pris à sa naissance et maintenant.. C’est chelou. J’ai un petit bonhomme qui m’appelle maman et me sourit et je ne sais pas, je l’aime déjà tellement et en même temps, je suis tout le temps paumé avec lui. » Il faut dire que tu es déjà paumé tout court …

 @Felix Burrows

« C’est sympa ! Et on peut déjà voir certaines de vos œuvre monsieur l’artiste ? » Tu le disais en riant, mais tu trouvais cela vraiment cool. C’était le genre de carrière qu’on choisit par passion et qui n’est pas forcément bien vu. A tort. Être un artiste demande beaucoup de travail et c’est bien souvent sous-estimé. Il te demande ensuite ce que tu fais et tu grimaces légèrement. Adieu la carrière de droit qui te faisait rêver, adieu n’importe quelle carrière en ce moment. Tu es prisonnière d’un corps encore endolori par ses années de sommeil. « Rien. » Tu riais pour cacher ce rien qui te déprimes vraiment. Il faut dire que tu as toujours été très active, une véritable pile électrique. « Je ne sais pas trop ce que je vais faire en réalité. Pour le moment, je dois déjà me consacrer à mes deux heures quotidiennes de kiné alors, c’est compliqué d’envisager quoique ce soit. Puis, tout est plus compliqué maintenant donc je verrai au fur et à mesure je pense. » Tu n’as pas trop le choix même si au fond de toi, tu sais que tu n’iras pas à l’université. Tu n’es pas encore prête à te l’avouer, c’est tout mais entre ta vie de maman, ta bourse perdue et ton peu d’économies qui a servi à te garder en vie, il y a peu de place pour l’université et ses frais. « J’adore l’idée, mais tu sais qu’avec ce genre de proposition tu risques de te mettre Alba à dos » Elle aussi est une grande amoureuse du shopping comme toi alors le coma, l’occasion est trop belle pour aller faire pleurer votre carte bleue. Même si par le passé, vous n’aviez pas besoin d’autant. « Après, on est pas obligé de lui dire. » Le petit diable toujours sur l’épaule Livia. L’amour du lèche-vitrine avant tout. « Honnêtement ? Je n’ai pas le choix. » Ca c’est dit, mais en même temps c’est la vérité. Tu n’as pas eu le choix de le garder ou pas, il est là et c’est tout, tu dois t’en accommoder.  « Peut-être bien, enfin avec l’exemple que j’ai eu comme mère, il est pas sauvé.. Quoique, je sais ce qu’il ne faut pas faire, c’est un bon début. Je crois. » Tu doutes. Depuis que tu sais que tu es maman, tu ne fais plus que cela d’ailleurs. « Sacha. J’étais une grande fan de pokémon alors mon frère s’est dit que c’était une bonne idée et j’adore, ça lui colle à la peau. » Tu ne le connais pas encore beaucoup mais il est courageux, ça te le sait.