sister act • alix.

Tu reposes ton téléphone sur lequel tu te rends compte que tu viens de perdre presque une demi-heure de ta vie. Encore une fois tu t'es laissée aller à scroller sur Instagram, et tu une fois de plus le temps a défilé à vitesse grand V. C'est comme si les minutes passées avaient été effacées du continuum espace-temps. Elles sont perdues à jamais pour quoi? Pour des images et des vidéos stupides qui défilent sans fin... Bruh.

Tu secoues la tête de droite à gauche, peu de fière de toi tu te rends compte que ta sœur ne va plus tarder et alors que tu lui as promis des frites : rien n'est prêt. Il faut que tu files à la cuisine et que tu t'y mettes sinon tu entends déjà les réprimandes de ta cadette qui te diras : "eh ben voilà, on peut pas te faire confiance. Et puis j'ai faim moi. Tu veux pas qu'on commande ça ira plus vite?" Ces réflexions imaginaires te tirent tout de même un sourire et tu souffles de dépit à force de la connaître si bien. Sur ton téléphone, cette fois tu lances Spotify pour te faire un fond sonore. L'appareil posé non loin de toi, tu apprécies pleinement les notes d'un titre de Muse lancé au hasard par la playlist et tu te motives pour éplucher les pommes de terre qui iront une fois coupées, baigner dans une casserole d'huile -friteuse du bled-. Et que faire pour accompagner? Parce qu'elle n'a pas été claire sur le sujet Alix... "tant que ça se frit c'est bon" ou quelque chose dans le genre nan? Est-ce qu'un steak de soja ou de tofu lui conviendrait? Et depuis quand est-ce que tu hésites autant pour faire un dîner à ta petite sœur? Mais tu te retrouves bête lorsqu'en fait c'est la sonnette d'entrée qui te tire de tes réflexions sur le repas. Oh fudge... penses-tu. T'es loin d'être prête et prête de loin. Mais tu files quand même vers la porte d'entrée, en chaussettes sur le parquet, pour accueillir ta sœur.

Tu ouvres enfin d'un coup avec les cheveux dans le courant d'air :
- « Et bonsoir p'tite sœur! Entre, je t'en prie. » dis-tu en te décalant de l'ouverture et en tendant la joue pour lui faire une bise.

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with @Charlie Fitzgerald

Pour la première fois depuis trop longtemps, tu as pris la voiture. Ta voiture. Ton vieux taco, certainement trop abîmé, pas assez utilisé pour conduire à l'heure actuelle dans les rues de Cornelius. Obligée de prendre la voiture pour aller chez ta sœur. Et obligée d'aller chez ta sœur. Effectivement, plus tôt dans la journée, tu t'es rendue que, malheureusement, ton frigo ne s'est miraculeusement rempli, par la bonté du Saint-Esprit. Encore vide à ton arrivée du travail, bien trop fatiguée la flemme d'aller faire tes courses, tu as vite réalisé que le plus simple pour toi était de t'incruster chez les gens, les supplier de bien vouloir t'accepter en tant qu'invité pour dîner. Si pendant l'heure du déjeuner, tu peux piocher directement dans ton lieu de travail, le soir, tu te retrouves fort dépourvue, les placards vides de nourriture. En plus, quoi de mieux que d'aller chez le douiller logement de Big Fitzgerald ? A tes yeux, rares sont les choses meilleures. Bien que tu aimes te moquer de sa bouffe bio, au final, tu adores quand elle te mijote ses petits plats, cette attention toute particulière pour toi, en sachant pertinemment que tu es compliquée, elle s'adapte à la difficulté que tu représentes culinairement parlant.

Une fois garée, comme un sac, tu sors de ton véhicule, obligée de fermer les portes avec ta clef. Oui, ta voiture est vieille à ce point-là. Toute excitée, tu te dépêches de toquer chez ta frangine. Pas une fois comme le ferait une personne totalement normale, non, cinq à six coups en quelques secondes. De la sorte, elle sache qu'il s'agit de toi et de personne d'autre. En même temps, il n'y a que toi pour être aussi insistante là-dessus. En même temps, tu détestes attendre. Telle est ton excuse. Toute sourire, ton aînée t'ouvre la porte, pas même agacée par ce que tu as fait, tant elle est habituée. « J'ai presque failli attendre. » Tu t'empresses de rentrer chez elle, au chaud. Tu retires ton bonnet, ton manteau, tes chaussures comme si c'était chez toi. « Oh, c'est du Muse, ça ! » Tu ne connais que trop bien les goûts musicaux de ta sœur, elle a pratiquement forgé les tiens. Là-dessus, c'est bien la seule chose où tu ne la contrediras jamais, ta frangine. Tout ce qu'elle écoute, tu l'écoutes aussi.

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with @Alix Fitzgerald

Tu ouvres la porte et qui trouves-tu sur le palier? Alix. Tu ne feins même pas la surprise, vous aviez rendez-vous. Enfin, un rendez-vous presque imposé par ta cadette. Mais c'est pas bien grave, au moins elle insiste toujours pour que vous vous voyiez et ça te plait beaucoup trop plaisir pour simuler l'agacement. Un large sourire sur le visage, tu accueilles la petite Fitzgerald en ta demeure. Appartement modeste situé juste au dessus de ta boutique, elle connaît parfaitement les lieux et tu n'as pas besoin de lui faire le tour du propriétaire.
Tu refermes enfin et marque là la coupure avec le boulot qui t'attend demain au bas des escaliers. Tu as encore des commandes à passer, des éléments à ranger mais tu laisses tout ça dans un coin de ta tête parce que pour l'instant seule la présence de ta sœur doit t'accaparer l'esprit. Suivant la jeune femme en ramassant ses affaires qu'elle laisse ça et là, tu lui déposes le tout sur un fauteuil à l'entrée du salon. Pointant du bout du doigt le cabinet à alcools, tu lui demandes : « Tu bois quelque chose? Je te laisse te servir... Je surveilles les frittes et je reviens de suite. » Oui, tu sais que rien qu'à l'évocation des frittes, Alix va sauter de joie en sachant qu'elle n'aura pas de salade de quinoa ou de boulgour ce soir. Même si c'est contre tes principes, tu ne te laisses pas déborder par ceux-ci puisque tu as prévu de manger la même chose qu'elle en fin de compte. Depuis la cuisine, tu lances à la volée pour qu'Alix t'entende : « Oh, et sert moi un verre de bourbon s'il te plait. Un fond de verre bien large, mais sans glace! » Le timer indique que le repas sera prêt dans quelques minutes. Tu fais quelques pas pour retourner dans la salle à vivre et tu te poses dans l'encadrement de la porte : « Et comment s'est passée ta journée? Tu n'as pas été trop dure avec les clients aujourd'hui? » Tu la taquines sur ce point, tu sais parfaitement qu'elle a foncièrement du mal avec les gens... Alors avec des clients demandeurs... Cela ne doit pas être simple tous les jours. Tu croises les bras et tu souris, attendant la réponse de ta moitié.

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Venir ici, c'est comme venir chez toi. Presque une deuxième maison, un autre nid bien douillet. Avec ta sœur, tu es sûre de trouver un lieu propre et bien rangé. Après tout, tu ne demandes rien de plus. Cependant, avec tes tendances hypocondriaques et maniaques, te sentir bien quelque part relève d'une immense difficulté. Il n'y a qu'ici que tu oses agir de façon complètement naturelle, nullement limité par des tics de propreté insupportables pour les hôtes qui ont le malheur de devoir te supporter toi, tes remarques et tes critiques dîtes sans tact, aucun, jamais. D'ailleurs, bien avant que ta grande-sœur ne te dise quoique ce soit, tu te sers un grand verre d'eau. Conduire te met dans un tel état de stresse, d'inquiétude constante, cette peur de provoquée un accident, sachant parfaitement la très, très mauvaise conductrice que tu es. Un verre que tu finis d'une seule et unique traite. La tension se relâche en même temps que le récipient se vide.

Rapidement après, tu te ressers. Toutefois, tu attends de servir Charlie avant. Du bourbon... En entendant ça, tu lèves les yeux au ciel. A vrai dire, tu as une relation très conflictuelle avec l'alcool. Tout qui s'approche de près ou de loin à celui-ci, tu l'évites comme la peste. Comme une impression de perdre le contrôle dès que, ne serait-ce, une petite goutte touche tes lèvres. Plus que n'importe qui, Big Fitzgerald sait ton animosité avec les boissons interdites aux mineurs. Assez souvent, la pauvre, s'est pris des remarques, des avertissements à ce sujet. Une manière de protéger ton aînée. Mais bon, tu ne peux pas aller contre son envie. A contre-cœur, tu lui sers son verre, bien large, sans glaçon de son whisky américain qui pue.

« Tu sous-entends que je ne suis pas la meilleure employée du monde ? » Demandes-tu, faussement outrée par la question de la belle brunette. « Pour être totalement honnête, j'ai hésité à défenestrer une cliente. J'ai pris sur moi et je me suis dit que me défenestrer moi, ça me causerait moins de problèmes. » Toujours une façon très cynique de voir et de réagir aux tracas qu'est de travailler en contact avec une clientèle plus ou moins exigeante. « Et toi ? T'as fait tes trucs d'écolo ? » Une gorgée que tu bois après avoir posé la question. Bien que tu sembles énormément dénigrer ce changement drastique de vie, il n'en est rien? Au contraire, tu le respectes, tu essayes de le comprendre, un peu plus chaque jour. Il te faut un temps d'adaptation, semble-t-il. A vrai dire, tu as même fait des recherches sur Internet, acheté deux, trois bouquins au sujet de l'écologie.

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with @Alix Fitzgerald

Tendant le bras pour attraper le verre que ta sœur te tend, tu la vois qui scrute le liquide ambré au fond du récipient avec une moue un peu dégouttée. Cela t'amuserait presque et un sourire s'étire sur ton visage. Tu te souviens que ta sœur a un relationnel compliqué avec l'alcool. Ca fait parti de ses principes de contrôle sur le corps et l'esprit sans doute. Ce qui dénote drastiquement avec tes propres idées en fait. Puisque tu cherches perpétuellement le moyen de t'évader aussi bien par la méditation, que par les substances que te fournie Mère Nature. Alors un verre de bourbon de plus ou de moins!
Tu fronces les sourcils lorsqu'Alix évoque son auto-défenestration. Tu prendrais bien la parole à ce moment pour la corriger, mais tu viens de prendre une gorgée de liqueur qui te chauffe déjà l'œsophage et tu ne tiens pas à cracher sur elle en guise de punition non plus. La conversation continue et tu ne reviens finalement pas sur ce que tu laisses passer comme étant une simple boutade de sa part.
« Oui, j'ai fait deux-trois trucs écolos Alix. Ce que tu dénigres un petit peu trop c'est en fait simplement prendre soin de la Terre et de notre futur tu sais? » termines-tu en lui tirant finement la langue avec un sourire entendu. Puis tu reprends en posant ton verre sur le plan de travail en allant checker la cuisson du plat. « J'ai planté trois sortes de courges supplémentaires, j'ai vendu ma voiture qui ne me servait plus, et j'ai acheté un nouveau vélo. Histoire de diminuer mon impact carbone sur l'environnement tu vois? Et toi? T'es venue avec ton vieux taco j'imagine...? » achèves-tu avec un regard réprobateur, mais pas trop.

Les frites terminent et les deux sœurs vont pouvoir passer à table d'ici peu.