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Robbery

Feat @Felix Burrows

Les jours s’enchaînent sans que j’y prête une réelle attention. Elles finissent toujours par se ressembler à la longue -sauf pour mon horaire qui lui arrive à changer du jour au lendemain à cause d’imprévus de mes collègues-. Je bouche les trous par-ci et par-là. Cette semaine, c’était un calme absolu -ou du moins pendant mes heures de boulot-. Quelques patrouilles dans certains coins un peu plus chaud de la ville, mais sans plus. Les grizzlys semblent dormir, ne faisant aucun bruit, restant cachés dans leur taverne comme s’ils attendaient l'arrivée du printemps afin de s’extirper de leur long sommeil.
Même en fouillant les derniers rapports complétés par d’autres, je me rends compte qu’il n’a pas grande activité. Aucune arrestation. On dirait presque le calme avant la tempête. Après avec la saison en cours, c’est toujours un peu plus discret. Le froid chasse les gens, préférant rester bien au chaud dans leur foyer. Sortir plus par nécessité plutôt que par envie et amusement. Une toute autre atmosphère que pendant la saison estivale.
Mais ce n’était pas plus mal, bien qu’un petit remontant d’adrénaline ne me fasse rarement du tort. Dans ces moments, nous avions plus de temps pour compléter la paperasse qui s’accumule lorsqu’il y a beaucoup trop d’actions qui s’enchaînent. Mais nous arrivions à la fin. Aucune pile de papier sur le coin de mon bureau, le tout sagement rangé dans les classeurs à l’arrière. À jour comme on dit.

Je sors mon téléphone avant d’ouvrir l’application Twitter. Plusieurs notifications m’attendaient, signe que j’en ai pour un bon moment avant de passer à travers le tout. Je commence par le tout premier de la liste; un thread sur un drama qui se passe à l’intérieur d’une équipe de production à Broadway.
C’est stupéfiant de voir à quel point l’Internet expand la soit disant liberté d’expression lorsqu’on est caché derrière un pseudonyme. Toutes les conneries et parfois les arguments qui ne tiennent pas la route. Est-ce que les gens tiendraient exactement les mêmes propos s’ils étaient à visage découvert et en face de la personne concernée?
Non probablement pas -et c’est ce qui fait la magie du monde virtuel-.
Je relève la tête lorsque j’entends mon nom interpellé par un de mes supérieurs. Il réclame mon attention ainsi que celle d’un autre collègue. Aussitôt je verrouille mon téléphone avant de le glisser dans ma poche arrière de pantalon, me rendant à son bureau.
Il nous somme de se rendre à un appartement immédiatement. Selon les informations fournies par celui qui a passé l’appel, il a eu un cambriolage chez lui, bien qu’il n’ait pas de blessé. J'acquiers avant d’empoigner mon manteau. En me dirigeant vers la cour arrière du commissariat où sont stationnés nos véhicules, j’attrape le trousseau de clé pendant que mon coéquipier me rejoint. Il me dit au passage qu’on lui a donné l’adresse.

N’étant pas une urgence, les phares ne sont pas allumés. Je tourne un coin de rue. Me voilà à nouveau dans mon quartier, à croire qu’à chaque fois que je suis déployé sur un appel, on m’envoie là. Seulement, j’ai l’esprit en paix. L’adresse que mon collègue avait en main n’était pas la mienne.
Par contre le chemin que j’emprunte me sonne une cloche -bien que ça puisse seulement être mon imagination-. J’ai traversé toutes ses routes de nombreuses fois. Ce quartier n’a plus de secret. Peut-être pour cette raison qu’on m’y éjecte toujours.
Je repère une place de stationnement tout juste devant l’entrée de l’immeuble en question. Je questionne mon compagnon sur le numéro de l’appartement. Ensemble, nous montons les escaliers jusqu’à arriver à l’étage en question. Décidément, j’y ai déjà les pieds.
Arrivé devant la porte avec l’insigne du numéro d’appartement, je frappe contre la porte en bois.

- Officier Bluebell, police. Nous venons à la suite de l’appel au sujet d’un cambriolage qui aurait eu lieu ici.

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Je patiente quelques instants, sans réponse. Y avait-il une personne présente sur place? Un des locataires ou les propriétaires de l’immeuble? Je questionne mon collègue qui me répond d’un simple haussement d’épaule. Étrange quand même d’avoir signalé une situation, mais que personne ne soit là pour nous accueillir.
Je me positionne pour tapper à nouveau à la porte, mais avant que mes jointures ne frappent la matière en bois, on nous ouvre. Au fur et à mesure qu’elle s’ouvre, je découvre la personne qui se cachait à l’intérieur de l’appartement. Je reste surpris en voyant Burritows.
Il nous salue simplement tout en nous invitant à entrer à l’intérieur de son logement. Je le fixe un instant, mais il ne semble avoir aucune réaction face à ma personne. Sûrement que dans l’état qu’il était la dernière fois, il n’a plus aucun souvenir. L’effet d’avoir abusé de l’alcool. Sa mémoire volatilisée, donc il ne pouvait pas se remémorer ce qui s’était passé lors de sa fête qu’il avait organisée chez lui.
Mon collègue met un pied dans l’appartement, je le suis.
Burritows nous questionne sur ce qu’il doit faire. J’échange un rapide regard avec mon coéquipier qui part analyser l’état des lieux pendant que je reste aux côtés de Felix. Me chargeant d’avoir le plus de détails sur la situation.

- La liste des choses disparues, ça sera plutôt à vos assurances de voir. On ne pourra rien y faire de notre côté, lui expliquais-je avant de réaliser un détail. Avez-vous des assurances pour les biens que vous possédiez?

Par expérience, je savais que ce n’était pas tous les gens qui avaient le réflexe de contacter les agences d’assurance et de bénéficier d’un contrat avec eux. Surtout lorsqu’il faut débourser un certain montant à répétition. Plusieurs locataires d’appartement trouvaient que c’était de l’argent jeté par les fenêtres, donc décidaient de s’en passer.
Les plus jeunes qui étaient aux études ou qui avaient des dettes à rembourser trouvaient que c’était aussi une dépense inutile. Du moins jusqu’à ce qu’ils deviennent propriétaires d’une propriété.

- Mon collègue est parti faire un tour rapide pour constater l’état des lieux. Avez-vous laissé le tout tel quel lorsque vous êtes arrivé ou vous avez déplacé certains trucs?

Si tout était encore comme c’était, cela allait faciliter la tâche. Plus facile de relever des empreintes. Par contre si Burritows a touché et laissé les siennes, nos chances étaient réduites.
Bien que même si on arrive à avoir les empreintes digitales ou encore des traces de bottes, si nous n’avons rien dans notre système qui correspond, nous ne serions pas plus avancé.

- Je vais avoir besoin de votre déposition, mais ça peut attendre un peu. Sinon, tout va bien Felix?

Oui, il y avait encore des questions que je devais lui poser, mais je n’avais pas été en mesure de me retenir et lui demander comment ça allait. Depuis tout à l’heure que je l’observe et qu’il semble perdu, perché au centre de la pièce.
C’est quelque chose que l’on se dit que ça n’arrive seulement qu’aux autres, mais quand ça nous frappe sans y être préparer, c’est déstabilisant.
Je souhaite continuer les questions, pouvoir lui enlever ce fardeau que ça pouvait être de répondre à un questionnaire alors qu’on est victime d’un acte criminel, par contre s'assurer de son état d’esprit me semblait plus important pour le moment.

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Aïe… Il risque de tomber de haut. Et c’est à moi que revient la tâche de l’informer. Ça ne risque pas de lui plaire. Surtout, je ne passerai pas par quatre chemins, autant qu’il ait l’heure juste tout de suite. Histoire qu’il n’ait pas de faux espoirs, car même s’il appelle des assurances maintenant, c’est mort.
Je prends une grande respiration avant de reprendre la parole.

- Si vous n'aviez pas déjà un contrat avec une assurance, il est trop tard maintenant. Donc les biens disparus seront à vos frais.

Un peu trop direct? Je ne sais pas. Je guette ses réactions pour savoir si je dois doser ou non.
Rien de méchant, seulement je voulais lui éviter de perdre du temps sur une cause déjà perdue d’avance. Même s’il supplie les agents chargés des contrats au bout du fil.
Pour la suite, c’est déjà plus encourageant pour nous. Il n’avait pas modifier en soi les pièces, donc si on peut prélever quelque chose, ça sera déjà plus efficace. Il me fournit l’information que ce n’est pas toutes les pièces qui ont été touchées -les chambres de ses coloc étant fermées à clé-. Ce qui rétrécit le périmètre.
Un faible sourire s’affiche sur mon visage malgré les paroles de Burritows. Rien d’étonnant, personne ne sauterait de joie dans une telle situation. Mon collègue nous rejoint et m’indique qu’il va retourner dans la voiture de patrouille pour demander à ce qu’une personne avec le matériel nécessaire soit déployée pour tenter d’avoir quelques prélèvements. Je lui passe les clés tout en acquiesçant.

Je retourne mon attention sur le locataire alors que je sens quelque chose venir me chatouiller la main. Je baisse les yeux et je vois la chienne. Le sourire avant faible prend de l’expansion sur mes lèvres alors que je pose un genou au sol pour m’abaisser au niveau de la boule de poils et lui fournir plusieurs caresses.

- T’arrives à me reconnaître toi, n’est-ce pas? m’adressais-je à la chienne. Merci d’avoir garder à l'œil ton maître l’autre fois, je n’ai pas eu besoin de revenir.

Par contre, Burritows semble avoir quelques espoirs quant à retrouver les voleurs. Espoirs que je suis dans l’obligation d’achever.
C’est à contre-cœur que je me redresse, mettant fin aux caresses pour l’animal canin.

- À moins que vous les ayez aperçu, je doute fort qu’ils soient encore dans le coin. Et normalement les voleurs ne reviennent pas sur les lieux du crime. Vous avez pris le temps d’avertir votre propriétaire et vos colocataires des événements? Aussi, si vous pouvez loger chez un ami ou un proche pour les prochains jours. Vous ne risquez pas d’être en mesure de fermer l'œil ici.

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Je rigole sincèrement lorsque Burritows émet l’hypothèse que je parle aux chiens. Oui, je leur parle, mais ça ne me confère pas le pouvoir de lire dans leurs pensées ni de comprendre lorsqu’ils jappent. Sans compter que je crois que chaque propriétaire d’animaux le fait, adresser la parole à leur boule de poils. Même eux ne nous comprennent pas, mais avec l’intonation de notre teint de voix, ils arrivent à deviner et à déduire si c’est positif ou négatif notre attitude. Et à l’inverse, à force de les côtoyer quotidiennement, nous arrivons à déchiffrer certains aspects de leur comportement.
Mais je lui fais signe de la tête que non.

- Si j’y parvenais, ma vie serait beaucoup plus facile! plaisantais-je.

Je le suis du regard. Il ne parvenait pas à rester en place. Probablement la nervosité de la situation le poussait à bouger, à s’occuper comme il le pouvait.
Jusqu’à ce qu’il me fixe avec conviction quelques instants, mais qui semble douter la seconde d’après. Un sourire se forme sur mes lèvres, le laissant farfouiller dans sa mémoire et bien curieux de voir s’il va finir par mettre le doigt dessus.
Les paroles s’enchaînent et j'acquiesce d’un signe de tête.

- Oui, c’est moi le rabat-joie qui est venu mettre fin à la soirée.

Amusé, le pauvre il n’avait pas de souvenir concret de ce qui s’était passé. Je n’avais pas le courage de lui mentir. De le rassurer et de lui dire que tout n’avait été que banal. Juste à y repenser, je rigole -rien de méchant-.

- Hmm… Je n’irai pas à dire qu’il n’y a rien eu d'embarrassant, lui dis-je le sourire au visage. Mais c’était mignon.

Et malgré ce qu’il a pu dire cette soirée, il était sous l’influence de l’alcool, donc je n’avais rien pris sérieux.
Mais le sujet de conversation revient aux choses sérieuses. Il avait eu le bon réflexe d’informer les autres occupants de l’appartement. Pour ce qui est des propriétaires, j’imagine que ça sera une surprise pour eux demain lorsqu’ils auront pris connaissance de la situation.

- Laissez leur un message sur leur boîte vocale. Le plus tôt qu’ils le sauront, le mieux que ça sera. Et si jamais ils veulent aussi des spécifications, ils peuvent communiquer avec nous.

Ce n’était pas tous les propriétaires qui prenaient les choses en charge. Peut-être que le fait qu’on ait déjà fait un premier tour, ils s’en préoccupent pas plus que ça. Mais je préfère offrir l’option.
Malgré ses gestes, ses paroles n’étaient pas très convaincantes.

- Vous avez un endroit où aller?

Mon teint de voix s’était durci un brin. Un “je ne sais pas” ou un “je verrai bien” n’était pas une option. Je m’attends plutôt à un oui ou un non clair. Le voir errer dans la rue la nuit, ce n’était pas quelque chose dont j’avais envie et ça ne m’apportera pas la tranquillité d’esprit.

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- Après, on ne sait jamais ce que fait l’autre derrière un écran, caché dans le néant de l’Internet.

Le virtuel, un endroit social, mais où tout le monde est voilé derrière un pseudonyme ou un avatar quelconque. Comme Burritows, il aurait pu être un homme politique ou encore un chef de gang de rue. Tout était possible et les limites quasi inexistantes. Une autre raison de plus d’être vigilant sur la toile.

- Pas loin je vous dirais! lui lançais-je en ravalant un rire pour ne pas l’offusquer.

Juste qu’en lui répondant, je le revois devant moi, agripper après ma manche et tourner au rouge tout en sortant quelques phrases loufoques.
Mon collègue de retour, il s’attèle à la tâche alors que je garde mon attention sur notre victime. Si discuter avec lui permet d'aérer un peu ses pensées, c’était déjà ça de gagner. J’avais un peu ce pouvoir d’alléger brièvement l’atmosphère -bien que ça risque d’être éphémère-.
Les événements allaient vite le rattraper.

Je suis quand même surpris de l’entendre affirmer qu’il restera dormir ici, après s’être fait cambrioler. Peut-être a-t-il des nerfs d’acier? Qu’au fond, il parvient à rationaliser le tout et que d’y rester n’est point un problème? Si la réponse était oui pour toutes ces questions, il m’étonne. Avec son jeune âge, je n’ai vu personne être à l’aise chez soi avec un incident si récent. Toujours paranoĩer dès qu’ils entendent le moindre bruit. Incapable de fermer l’oeil plus que cinq minutes.
Mais tout le monde réagit de façon différente.
Je me raccorde à mon coéquipier, savoir s’il a besoin d’un coup de main, mais il me dit qu’il n’en aura plus pour bien longtemps. Pendant son tour, il avait déjà repéré les endroits où il était le plus propice de collecter des échantillons.
Mais les prochaines paroles de Felix me font tourner vers lui. Dès que mes yeux se posent sur sa personne, je vois un jeune homme désemparé, plus du tout la même attitude de tout à l’heure. Il me semble évident qu’il n’a pas du tout envie de rester sous ce toit pour la nuit. Sauf qu’il avait mentionné ne pas avoir de place où se réfugier.
Je soupire. À l’heure qu’il est, trouver un endroit en plus…

- Je n’habite pas loin d’ici, vous pourrez venir dormir chez moi cette nuit, lui lançais-je.

C’était pour l’aider que je lui ai lancé l’invitation. Comme ça, ça lui donnera le temps demain de prévoir un plan B.
Bien que je savais ce que ça impliquerait pour la suite du rapport. Je serai écarté de l’affaire, mais je préfère ça que de le voir se retrouver à errer dans les rues aux petites heures de la nuit, parce qu’il n’a plus ce sentiment de sécurité entre ces murs.

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Il ne s’en souvenait donc vraiment de rien? Du moins de ses interactions avec moi. J’hésite un moment à lui révéler suite à sa demande, mais je finis par me raviser. Ce n’était pas le bon endroit et surtout dans ce genre de contexte. Mais je ne souhaite pas non plus qu’il commence à s’imaginer des trucs. Il est facile de s’emporter surtout lorsque notre mémoire ne collabore pas.

- Vous étiez sous l’effet de l’alcool, il n’y avait rien de bien méchant, lui lançais-je avec un sourire. Et rien de déplacé.

J’ai rajouté ces derniers mots par la suite, réalisant qu’au final en restant évasif sur la question, je ne lui facilite pas la tâche.
J’étouffe un rire. Une cellule, vraiment? Je lui avais offert de l’héberger chez moi, pas en prison. Où Burritows allait-il chercher ça? À moins qu’il préfère ce genre d’endroit, je peux m’arranger pour lui offrir une cellule froide et humide, mais je doute qu’il y trouve son confort. Sans compter que les voisins de cellule ne vous laisseront pas toujours le luxe de plonger dans le sommeil.
Je pose mon regard sur sa personne, l’air interrogatif -bien quelque peu amusé-.

- J’habite dans un studio. Ce n’est pas très grand, mais plus qu’une cellule, l’informais-je pour lui enlever ses idées farfelus de la tête. Et surtout plus confortable! J’ai un divan qui peut se déplier et faire office de lit.

Malgré ma proposition, il semble opter pour autre chose. Passant d’un état d’esprit “tout va bien, il n’y a rien là” à “je suis paumé et perdu”.
Je continue à l’observer en silence un moment. S’il ne veut pas, je ne le forcerai pas.

- Si ça serait vraiment problématique pour moi, je ne vous l'aurai pas offert. Je préfère vous dépanner plutôt que de vous retrouver dans la rue deux heures plus tard. Mais la décision vous revient.

Surtout je ne l’aurai pas offert à un inconnu. Sauf que Burritows, on a déjà pas mal échangé sur Discord et on a quelques affinités. De plus, ce n’est que temporaire le temps qu’il se remette bien sur pied.

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Un léger sourire s’affiche sur mon visage alors qu’il finit enfin par accepter. Ça aura au moins le mérite d’avoir l’esprit en paix un moment.
Je me retourne vers mon collègue qui achève ses opérations. Celui-ci me jette un coup d'œil dont je devine la signification… Je retiens un soupir. J’ai conscience de ce que mon action entraîne. Ce n’est pas comme si j’allais le nier dans le rapport ou tenter de le cacher. Et puis courir après des fantômes dont on n’a aucune description, c’est plutôt une perte de temps, alors si je peux l’éviter ça sera tant mieux. Ils mettront simplement d’autres agents pour surveiller le quartier les prochains jours et interroger quelques voisins pour voir s’ils ont remarqué quelque chose puis voilà.
Loin de moi le fait de ne pas vouloir mettre la main sur ceux qui ont fait le cambriolage, mais soyons réaliste deux secondes… À moins que les empreintes que mon coéquipier ait réussi à avoir ait un match dans notre système, les chances de les retrouver sont minces. Alors je préfère me concentrer sur ce que je peux faire concrètement sur le moment.

- Oui, vous pouvez aller récupérer quelques effets personnels.

Febotan? Fevotin? Le dernier que Burritows avait prononcé… Je le regarde du coin de l'œil, un peu perdu. Je n’ai pas compris et la sonorité ne se rapproche en rien de la langue de Shakespear -et je ne saurai dire de quelle langue ce mot est rattaché-. Je ne peux qu’espérer que ça soit mineur, ou bien il me dira si ça avait une importance quelconque.
Je m’accroupie pour aider mon collègue afin de récupérer ce qu’il a bien pu être identifiable par les instruments le temps que Burritows cherche ses trucs. Mon binôme m’indique qu’il va porter le tout dans la voiture. Je lui fais signe que c’est bon.

- On va retourner au commissariat, dis-je à l’intention de Felix. J’ai deux options pour vous. Soit je prends votre disposition ici et maintenant et ensuite je vous fais signe lorsque je serai de retour dans le quartier. Ou bien vous nous accompagnez au poste et je prends votre disposition là-bas pour ensuite revenir chez moi.

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- À moins que vous ne souhaitiez faire le ménage dans l’immédiat…

C’est vrai qu’autour, c’était un certain fouilli. Les cambrioleurs n’ont pas été de mains mortes, mais pour ce qui est de l’état des lieux, nous ne pouvions pas faire davantage. Notre boulot est limité. Je ne crois pas que replacer le tout en place aide à son état d’esprit, mais il est le mieux placé pour prendre une décision.

- Vous avez déjà averti vos colocataires, donc ça ne sera pas trop une surprise pour eux. Pour les propriétaires, ça sera de voir avec eux les démarches pour remplacer la serrure, bien qu’en temps normal, c’est eux qui devront entreprendre les démarches pour la faire réparer. À moins que ça ne soit stipulé autrement dans votre contrat de location.

Je tente de lui donner un maximum d’informations pour l’aider, mais ce genre de détails, seul lui pouvait le savoir. Et vue l’heure, il devra probablement attendre le lendemain avant d’avoir des réponses.
Comme je lui avais déjà mentionné, rares sont les criminels qui reviennent deux fois au même endroit. Surtout dans un appartement d’un immeuble. Le plus souvent, ce sont des habitations uniques qui sont dérobées. Il n'a simplement pas eu de chance…

- Je peux toujours faire une requête auprès de la prochaine équipe pour qu’il fasse un tour dans le quartier.

Dans les faits, ça ne servira pas à grand-chose. Ils ne resteront pas postés devant la porte de l’appartement à s’assurer que personne ne s’y approche. Il faut un mandat spécial pour ce genre d’intervention et un cambriolage n’en fait pas partie.

- Non, ça ira. Le seul formulaire qui nous faut maintenant c’est votre disposition, mais on le fera une fois au commissariat.

J’attends qu’il soit fin prêt à quitter -bien que ça ne tarde pas en vue du peu d’effets qu’il emmène avec lui-. Je l’escorte jusqu’à la voiture et le fait monter à l’arrière avec sa chienne.
Mon collègue me jette un énième regard que j’ignore alors que je prends place au côté conducteur avant de nous diriger à Union District. Une fois arrivée, j’informe Burritows de se présenter à l’accueil et qu’il pourra y remplir le formulaire en question pour ensuite simplement m’attendre sur l’une des chaises. Heureusement pour lui, mon quart de travail prenait fin bientôt.

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Je passe à l’arrière, mon collègue à mes côtés alors que Burritows reste à l’accueil. Mon coéquipier disparaît au coin d’un couloir, allant porter les échantillons qu’il a recueilli alors que je m’installe à mon bureau en vue de remplir de mon côté un rapport de notre visite suite à l’appel. La paperasse, vraiment la chose la plus ennuyeuse qui soit, mais ça fait partie du boulot.
La personne chargée de l'accueil vient me porter la disposition de Felix, dès que je l’ai en main, je l'agrafe à mon rapport et je commence à le lire en diagonal, mais rien je ne décèle rien qui nous avance.
J’agrippe un second formulaire pour demander une petite patrouille dans le quartier que je laisse ensuite sur le bureau de mon supérieur. La décision lui revient, mais en vue du peu d’indices à notre disposition, je doute que ça soit refusé.
Le temps s’écoule jusqu’à ce que l’heure de la fin de mes services sonne. De ce pas, j’accroche au passage mon collègue pour m’assurer que notre entente tient toujours. Il me fait signe que oui. Je prends mon manteau qui repose sur le dossier de ma chaise et je rejoins Burritows à l’accueil.

- On peut y aller. Mon collègue va venir nous conduire jusqu’à chez moi, lui dis-je.

Je nous voyais mal emprunter le transport en commun avec un chien en notre compagnie. Donc j’avais demandé à mon binôme s’il pouvait faire un détour pour nous déposer au seuil de mon studio en contre partie d’une commande de la boulangerie que j’ai l’habitude de m’arrêter avant de me présenter au boulot. Bien plus pratique pour transporter la boule de poils.
Le trajet se fait rapidement jusqu’à notre destination. Tout en descendant de la voiture, je remercie mon collègue avant de me tourner vers Burritows.

- J’habite au deuxième étage, l’informais-je avant de me diriger vers l’immeuble en face de nous. Loki risque d’être un peu énergique et surtout lorsqu’il va voir Akela. Mais il est très sociable, je ne crois pas que ça va mal se passer.

Juste un petit avertissement pour pas que mon invité fasse le saut s’il voit mon berger allemand courir en notre direction dès que j’ouvre la porte. Et pile lorsque j’insère la clé dans la serrure de mon studio, j’entends déjà le bruit de ses pattes se rapprocher.
J’ouvre la porte et j’agrippe le collier de mon compagnon à quatre pattes pour le forcer à reculer alors que je m’enfonce vers la salle à manger pour laisser la place à Burritows et sa chienne de rentrer.
Je m’adresse d’une voix calme à Loki pour qu’il se calme même si toute son attention reste figée sur les deux inconnus qui viennent de mettre le pied à l’intérieur.

- Passer la cuisine, tu as la salle de bain, ensuite comme tu peux le voir, il y a le salon avec le divan que je te disais qui peut faire office de lit.

Et la seule chose qui faisait un semblant de séparation entre le divan et mon lit est deux bibliothèques. Rien de très fancy. En plus de la petite porte-patio pour accéder au balcon.

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J’observe l’invitée à quatre pattes s’approcher de Loki, visiblement heureuse de faire connaissance. Je sens la force de mon chien pour s’en approcher, mais je maintiens mon emprise, laissant plutôt la demoiselle canine se rendre jusqu’à lui. Ils se reniflent et après quelques secondes, je relâche le tout, le libérant au passage.
Mes pensées n’avaient pas été au point que les deux animaux n'arrivaient pas à s’entendre, mais je ne m’étais pas attendu à ce que le tout se passe sans la moindre embûche. Chose qui me rassure en fait.
Je rapporte mon attention sur Burritows qui me fait savoir qu’il aimerait bien pouvoir se retrouver dans les bras de Morphée très bientôt. Chose complètement compréhensive en vue des événements. Le stresse doit commencer à redescendre pour lui. Je m’approche, l’aidant à transformer le divan en lit.

- Merci, répondis-je en vue de son commentaire. C’est petit et ça permet que je ne perde pas trop de temps sur le ménage. Et oui je vis seul avec Loki.

Mon boulot n’aide pas beaucoup pour maintenir une relation. Du moins les horaires de travail irréguliers et le fait que ça soit atypique. Je chasse rapidement ses pensées de ma tête, ne souhaitant pas remuer les raisons pour lesquelles ma dernière relation a échoué.
Je me dirige vers la salle de bain pour y retirer une couverture d’une étagère avant de le ramener auprès de Burritows.

- Comme tu comptes dormir bientôt, je vais tout de suite aller prendre une douche.

Le temps qu’il se prépare, j’aurai probablement le temps d’avoir terminé, donc je ne perturberai pas son sommeil. J’empoigne quelques morceaux de vêtements de ma commode avant de me diriger vers la salle de bain.
Dans le cadre de la porte, je me retourne.

- Aussi, je me doute que tu n’as pas trop faim, mais si jamais tu veux manger quelque chose, il y a des fruits sur le comptoir de la cuisine, dis-je avant de disparaître et de prendre une douche.

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Je fais couler l’eau, prenant soin de régulariser la température avant de me dévêtir, jeter mon uniforme dans le panier à côté de l’évier pour ensuite me plonger sous l’eau. Même si Burritows m’avait mentionné de prendre mon temps, je n’ai jamais été quelqu’un qui perd plus d’une quinzaine de minutes sous la douche. Je sais que pour certain, c’est un moment sacré -leur permettant de pouvoir penser, méditer-. Pour ma part, c’est mauvais signe si je commence à songer à des trucs, que je me prends trop la tête avec des choses qui n’ont pas toujours une si grande importance que mon cerveau tente de me laisser croire. Sans compter qu’il a tant de choses à faire, on court toujours après le temps qui nous manque.
Comme pour Loki. Le pauvre, je ne l’ai pas encore sorti alors qu’il a passé la journée enfermé ici. Se dégourdir les pattes lui fera du bien en plus de pouvoir faire ses besoins.
Je me dépêche et coupe l’eau avant d'empoigner la serviette et de m’essuyer illico. J’absorbe l’accumulation d’eau dans mes cheveux. Malgré que ma tignasse soit épaisse, le fait que je les garde court me permet de les sécher à une vitesse raisonnable. Pour éviter d’attraper froid, je mettrai tout de même un bonnet le temps de sortir mon chien quelques minutes.

J’enfile les morceaux de vêtements que je m’étais apportés avant d’ouvrir la porte. Je jette un coup d'œil à Burritows qui s’est déjà enfourché dans le drap. J’aperçois par la même occasion Loki qui tente d’avoir un peu d’attention par notre invité surprise, accotant sa tête sur le bord du canapé lit.
Je me demande depuis combien de temps il est perché là, bien qu’il ne semble pas trop déranger nos visiteurs.

- Loki! Viens ici, dis-je en l’interpellant à voix basse.

Je le vois relever les oreilles en ma direction suite au son de ma voix. J’éteins également les lumières pour laisser Burritows sombrer dans le sommeil si ce n’est pas déjà le cas. J’enfile mon manteau et tout l’arsenal pour me protéger des températures hivernales avant d'agripper la laisse et l’accrocher au collier de mon grand berger allemand.
Je m’assure d’avoir dans mes poches mes clés avant d’ouvrir la porte. Je laisse derrière moi la lumière de l’entrée d’allumer. Rien qui éclaire énormément, mais juste de quoi de suffisant pour quand je rentrerai dans quelques minutes.

- On va sortir un peu, chuchotais-je à Loki tout en caressant sa tête.

Délicatement, je referme la porte derrière nous avant de verrouiller la serrure. Contrairement à notre habitude, j’ai l’intention de rester dans la rue au lieu de faire un petit tour de quartier. Vraiment juste le temps pour que Loki puisse se soulager et faire sortir un peu d’énergie.
Quinze minutes s’écoulent avant que l’on retourne à l’intérieur de l’immeuble et que l’on se dirige vers mon studio. Je libère Loki qui va tout de suite voir si nos invités se portent toujours bien. Je me débarrasse de mes bottes et tout le reste en tentant de faire le moins de bruit possible. J’éteins la lumière et j’utilise mon téléphone portable pour m’éclairer jusqu’à ce que j’arrive à mon lit.

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Faire le moins de bruit possible tout en me frayant un chemin jusqu’à mon lit, voilà mon objectif du moment dèŝ que j’avais éteins la lumière. Et jusqu’à ce que j'entende mon invité mentionné que je me donnais trop de trouble alors qu’il n’était pas encore parti dans les bras de Morphée. Mais tant pis, je poursuis mon chemin jusqu’à atteindre mon matelas et que je m’assoie sur celui-ci -toujours avec mon téléphone en main-.
Une fois à destination, je ferme l’application de la lampe sur l’appareil électronique. Je me sens désolé pour Burritows. Ce n’est pas si étonnant qu’il ne parvienne pas à fermer les yeux et trouver la paix qu’apporte le moment du sommeil. Et c’est aussi pour l’une de ses raisons que je préférais qu’il ne reste pas chez lui. Si en étant ailleurs que le lieu du cambriolage et qu’il allait probablement passer toute la nuit à se torturer l’esprit, être dans son appartement aurait accentué son sentiment d’insécurité fois mille. En plus de devenir complètement paranoïaque à attendre des bruits de droite à gauche -parfois venant de son imagination, parfois juste de simplement craquement de l’immeuble-.

- C’est normal, lui dis-je. Ça vient à peine d’arriver, tu es encore sous le choc. Ça risque de te prendre un peu de temps avant de bien rationaliser le tout. Mais vraiment, comme je te l’ai dit tout à l’heure, les cambrioleurs ne reviennent que très rarement à la même place, donc ne t’en fais pas. Et aussi, j’ai fait la demande pour qu’une patrouille traîne dans le coin, juste au cas où.

J’ignore si répéter ses infos l’aide à prendre conscience que le pire est arrivé. Même si je me doute que le tout va encore revenir dans sa mémoire en boucle. Ça va prendre un moment à son cerveau d’évacuer le stress lié à l’infraction qu’il a subie.

- Est-ce que tu préfères que j’allume à nouveau les lumières?

Je sens que la nuit sera longue -voir même que je ne pourrai pas fermer l'œil de la nuit-. Mais en emmenant Burritows, j’avais déjà songé à cette possibilité. En même temps, ça m’apporte une certaine tranquillité d’esprit.
Loki monte à son tour sur mon lit, se couchant à mes côtés comme à son habitude. Ma main se glisse à travers ses poils avant qu’il décide de mettre sa tête sur ma jambe -signe qu’il voulait continuer d’avoir de l’affection-.

- Si tu veux parler aussi, n’hésite pas. Je ne pensais pas tout de suite me coucher, juste que je croyais que tu dormais.