when the years catch up with us (andrea)

when the years catch up with us
@andrea pedersen

Les notes feutrées d'une musique pop entraînante montaient de la chaîne hi-fi, liée par bluetooth au téléphone d'Abigail. L'image d'un champ fleuri s'imposa à l'esprit fécond de la sage-femme. Une séance de sophrologie sans Spotify n'en était pas une. Plus encore, une séance sans apport musical permettant de relâcher chaque tension du corps, n'en était pas une. Alors que les accords s'enchaînaient, Abi affichait un sourire franc. Le morceau était plaisant, lui donnant envie de l'essayer sur la guitare d'Andrew. D'en pincer doucement les cordes, une par une. Un regard fugace vers les deux tapis au sol et le voile opacifiant qui recouvrait la partie inférieure de la vitre qui donnait sur la rue ; et les baskets légères de la sage-femme traversèrent le couloir, frôlant les nombreuses plantes vertes qui fleurissaient ça et là, pour rejoindre le salon. La sonnette venait de retentir, ce qui voulait dire que son rendez-vous de 16 heures était arrivé. Les bruits de pattes dans la petite pièce attenante lui rappelait que sa chienne, Sasha, y avait élu domicile pour le moment. Promis, on ne t'embêtera pas, souffla Abigail en se rapprochant de la porte qui séparait les deux pièces.Et j'espère que toi non plus, plaisanta Abi. Birdie et Sasha insufflaient tellement de vie dans cette maison qu'elle ne se voyait pas rentrer sans les retrouver le soir. Bonjour, dit Abi en ouvrant la porte de l'entrée. Une main posée sur la poignée de la porte et l'autre sur Sasha qui venait de pousser la porte pour la rejoindre. Désolée, ma chienne adore voir du monde, plaisanta Abigail, relevant enfin le menton pour détailler sa cliente. Andrea, dit-elle au bout de quelques secondes de mise au point. Je n'avais pas fait le rapprochement avec le nom de famille qui était inscrit sur le créneau horaire réservé. Je... Entre, je t'en prie, glissa t-elle en se décalant pour la laisser entrer dans son univers. Elles ne s'étaient pas vues depuis plusieurs années, deux ou trois très probablement.  ça me fait plaisir de te voir. C'est une bonne surprise, admit la sage-femme avec un sourire qui se dessinait. Comment vas-tu ? Et si je te pose la question... ajouta Abi, C'est aussi parce que la séance a commencé. Je veux dire, savoir comment tu vas - là maintenant, c'est important pour entamer 45 minutes de sophrologie, précisa Abigail en penchant la tête. N'hésite pas à poser tes affaires sur le porte-manteau de l'entrée. La salle est vers le fond, ajouta t-elle.

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@andrea pedersen

Si l'accompagnement de projet de parentalité représentait l'essentiel de ses consultations, Abi' recevait de plus en plus de sportifs lors de ses séances de sophrologie. Une façon d'extérioriser et de gagner en concentration, de se retrouver avec soi-même sans aucun parasite extérieur. Tu n'es pas vraiment tout le monde, répondit Abi avec son éternel sourire solaire, inclinant légèrement la tête. J'ai devant moi une sportive émérite, ajouta t-elle dans la foulée, distillant un trait d'humour qui en soit était véridique. Andrea s'était toujours donné les moyens de réussir. Les mots stress et panique tintèrent aux oreilles d'Abi comme des signaux d'alerte qu'elle connaissait bien. Elle posa un regard bienveillant sur Andrea. Abi n'était pas là pour juger mais pour essayer de comprendre comment la libérer du poids qui pesait sur elle. Tu as bien fait de venir alors, je suis là pour ça, la rassura la sage-femme, prête à traverser le couloir pour rejoindre la salle de sophrologie. Par la porte légèrement entrouverte, quelques notes de musique parvenaient à s'échapper. Tu vas te marier ou c'est un projet ? Dans tous les cas, félicitations. Je ne doute pas que tu fasses une heureuse, dit Abi, agréablement surprise par cette nouvelle. D'ailleurs, nous ne sommes pas obligées de rentrer dans les détails si c'est déjà un sujet qui te préoccupe. On peut l'aborder différemment, par des exercices de souffle et de relaxation. Abi interpréta le sourire d'Andrea comme le signal pour démarrer la séance, elle était prête.

La lumière apaisante, diffusée par des spots en hauteur, les accueillit dans la salle qu'Abi avait choisi de repeindre l'année dernière. Je te propose que l'on prenne chacune un tapis et que l'on se concentre sur ce sur quoi tu aimerais travailler. Est-ce que tu as du mal à trouver le sommeil ? Est-ce que tu es plus fatiguée que d'habitude, plus tendue ? On peut garder le stress comme point de départ, demanda t-elle comme une véritable question ouverte. Elle adapterait les exercices d'aujourd'hui en fonction des réponses d'Andrea.

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@andrea pedersen

Si la sophrologie pouvait grandement aider, elle ne remplaçait en rien l'équilibre alimentaire et la qualité de nuits délicieusement réparatrices. Aucune sensation ne valait celle de se réveiller, sous les rayons du soleil qui filtrait entre les stries des volets, avec des batteries pleinement rechargées. Pour être au plus près de ses client.es, Abigail répondait avec plaisir à l'ensemble des appels et des mails qu'elle recevait - très tôt ou très tard. Des conseils qu'elle distillait avec bienveillance et qui incluaient quelques recettes pas si secrètes d'infusions ainsi que des exercices à faire à domicile. Une jolie continuité à ce qu'elle proposait de le cadre de rendez-vous extérieurs ou à domicile. Et je continue à dire que c'est vrai, répondit Abi dont les yeux se plissaient sous l'impulsion de ses lèvres, qui dessinaient un sourire.

ça a l'air d'être une belle histoire, répondit Abi, lui laissant le soin de lui donner toutes les précisions qu'elle souhaitait, ou non. Le choix lui revenait et ne diminuerait en rien la joie d'Abi au sujet du mariage prochain d'Andrea. Laisser entrer l'inattendu peut avoir du bon... de temps en temps, dit la sage-femme avec un nouveau sourire, ses pensées partant en direction de l'épicerie biologique. Et du sourire plus que charmant de sa gérante. Si ça peut te rassurer, c'est une réaction tout à fait normale et on ne peut plus saine. Un mariage reste un changement important. Pour certains, c'est une organisation de longue haleine mais le tout reste de se laisser porter par le fil de l'eau sans s'oublier au passage, souffla Abi avec un mouvement de la tête dont les métaphores avaient tendance à fleurir sur les lèvres. Une partie de la sophrologie reposait sur des images mentales, une façon de s'évader. Mais bien sûr, répondit la sage-femme lorsque Andrea choisit de laisser de côté le sujet du mariage. C'est déjà un très bon point pour le sommeil, j'ai déjà vu des jeunes mariés ou futurs parents avoir moins de chance, plaisanta doucement Abigail, attendant plus de détails sur l'état d'esprit d'Andrea. Bien, ce que je comprends, c'est que ta fatigue est conditionnée à une actualité chargée. Que ça pollue en quelque sorte, tout le reste. C'est mon rôle, cet après-midi, de t'aider à faire de la place pour ce qui est vraiment essentiel, dit Abigail d'une voix posée en invitant Andrea, d'un geste de la main, à prendre place sur son tapis. Leurs échanges seraient maintenant limités, le souffle serait prioritaire et le silence un allié précieux. On inspire... souffla Abigail en montrant l'exemple, laissant son buste partir à la recherche d'une bouffée d'air. De nouveau, dit-elle en vérifiant, sans jugement aucun, que les mouvements que réalisaient Andrea était adaptés et justes. Maintenant, on ferme les yeux. Tes paupières se ferment à leur rythme, sans se presser, alors que les paumes de tes mains s'ouvrent progressivement... Ses propres mains s'ouvraient sur le tapis, relâchant toute pression dans ses doigts. Alors qu'une faible odeur musquée d'huile essentielle d'Ajowan restait comme suspendue dans l'air - signe que son diffuseur avait été allumé la veille - la musique les berçait autant qu'elle les accompagnait.