chasing fire (nikki)

Après avoir réussi à se trouver une place de stationnement sans trop de difficultés - une situation qu'on ne rencontre que les jours de semaine sur Beaver Street - il coupa le moteur puis jeta un dernier coup d'oeil à son portable avant de se mettre à écrire.

Tom a écrit:

C'est bon, je suis au pub là. Je vais t'attendre à l'intérieur et essayer de nous trouver une petite table à l'écart.

Nous étions en fin d'après-midi, un jeudi, donc forcément il y aurait encore quelques habitués au comptoir - des retraités, pour la plupart - et ils seraient sans doute un peu éméchés parce qu'ils auraient commencés à boire autour de midi. De là l'importance de trouver une place à l'écart, à défaut de quoi la conversation serait interrompue continuellement. Tom prena tout de même la peine de saluer le proprio et quelques clients qu'il reconnaissait en chemin. Puis, il jeta son dévolu sur une table qui n'était ni trop près, ni trop loin de l'action. Il retira son manteau et roula un peu les manches de sa chemise blanche histoire de se mettre à l'aise, ayant pris bien soin de laisser sa cravate dans la voiture. Il était dans le coin pour un projet de rénovation de local commercial et Nikki et lui s'étaient envoyé quelques sms avant de se rendre compte qu'elle était pratiquement à côté. Il n'en fallait pas plus pour que les deux amis conviennent de se rejoindre pour boire un verre, histoire de décompresser un peu. D'autant plus que les occasions s'étaient faites plus rares ces derniers temps. Il faut dire que leurs horaires à tous les deux étaient plutôt chargés. Et il y avait aussi cet évènement - ou plutôt ce mois - dont il fallait taire l'existence mais qui teintait chaque regard, chaque geste. Ils avaient l'impression de jouer avec le feu à chaque fois qu'ils se retrouvaient seuls dans la même pièce, depuis. C'est d'ailleurs pourquoi ils avaient convenus, sans vraiment que ce soit dit, de limiter au maximum les rencontres en privé. Les lieux publics étaient mieux. Moins risqués. Du moins, en apparence.

@Nikki Allen

Sentiment troublant. De l’euphorie modérée, mise sous silence et quelques onces de culpabilité. Il n’y aucune raison à cet instant pour évoquer ces sensations. C’est déstabilisant et délicieux. Comme cette appréhension qui vous chatouille le ventre dans la file d’attente des montagnes russes. Vous vous doutez de ce qui vous attend, que vous risquez d’être malade, de vous évanouir mais vous y allez quand même. Vous savez aussi que ça peut être absolument exceptionnel et que vous allez en redemander. Dans le bus, assise prêt de la fenêtre, tu ne regardes même pas le paysage qui défile. Cornelius sous la neige est sublime mais tu préfères pianoter sur ton iPhone qui vibre. Des notifications en tout genre, des mails, des messages privés sur Instagram mais surtout tu attends ses réponses. Comme souvent, pratiquement tous les jours vous vous écrivez. Une façon de garder une relation qui pourrait être chaotique si tu te laissais aller à tes divagations. Tu lui parles de tes journées, des personnes que tu rencontres, tu lui envoies des photos, de ton bureau en bazar. C’est quelqu’un qui compte beaucoup pour toi. Parfois tu essaies de ne pas lui écrire de la journée et ça arrive de temps en temps. Mais tu souris en voyant son prénom apparaitre dans une petite bulle sur ton écran. C’est ainsi que vous vous êtes rendus compte que vous n’étiez pas loin. En réalité vous n’êtes jamais très loin. A vrai dire vous vivez dans le même quartier et ça semble parfois le bout du monde. Tu te contentes de le croiser, heureuse pour lui de le voir entouré de sa jolie petite famille. Tu étais en route pour te rentre au tennis club. Tu espérais t’y défouler et peut être y croiser un beau blondinet musclé. Tu n’as pas résisté à repousser cette séance de sport suite à l’invitation de Tom.

Citation :

Parfait, à très vite !

C’est une quinzaine de minutes plus tard que le bus s’arrête à Beaver Street. Que cette rue est jolie à la fin de journée. Les petites ampoules lentement s’éveillent.  Tu ressembles à un marshmallow ou un nuage avec des jambes comme dans le dessin animé. Tu portes une doudoune blanche, tu ne tardes pas à réfugier tes mains. Une jupe blanche, des basquettes blanches et des chaussettes blanches qui bordent des chevilles. Tu es prête pour affronter Nadal ! et prête pour affronter Hawkins ! Banane tendance croisée sur ton buste jaune poussin, elle ressort comme un soleil au milieu des nuages et cheveux attachés en une queue de cheval haute. Raquette à la main, dans sa housse tu ne mets que quelques minutes à marcher jusqu’au pub. Tu inspires légèrement avant de pousser la lourde porte en bois. Tu souris et dis bonjour aux personnes qui te saluent. Tu viens souvent. C’est une institution ce pub à Cornelius. Ton regard balaye la salle et l’aperçoit rapidement. En avançant, tu te cognes fort la cuisse contre le coin d’une table. Tu restes digne, tu ne crie pas et ne pleure pas en public. Tu arrives enfin à la petite table à l’écart. Bonsoir Hawkins, t’amuse tu à dire avant de t’assoir en face de lui. Tu retires alors le petit soleil et le nuage qui te tenait chaud. Tu avances alors ta chaise et pose ta petite tête dans ta main en lui souriant. Tu le regardes avec douceur et n’hésite pas à lui dire simplement : je suis heureuse de te voir.

Dans l'attente de son amie, le regard de Tom s'était porté sur le menu du bar, grossièrement dessiné à la craie sur un grand tableau noir fixé sur le mur au dessus de la tête du barman. Il y avait tous les classiques, des simples bières jusqu'au whisky en passant par plusieurs shots douteux. Tout le nécessaire pour terminer une soirée bien intoxiqué. Ce qu'on pouvait constater chaque weekend alors que les fêtards s'amassaient devant l'immeuble. C'était plus calme, aujourd'hui. Assez pour que les sifflements soudains de quelques clients le fasse légèrement sursauter. Il se demanda qu'est ce qui pouvaient bien leur prendre avant de tourner la tête et de la voir s'avancer vers lui dans sa tenue de tennis. Elle était divinement belle, même lorsqu'elle était vêtue aussi simplement. Sa beauté contrastait d'autant plus avec cet arrière-plan de vieux retraités dans leurs habits sombres. Il ne put s'empêcher de laisser échapper un rire lorsqu'elle se cogna sur une des tables en chemin. Allen, lui renvoya Tom en guise de bonjour le sourire en coin un peu moqueur alors qu'elle prend place à ses côtés. Et moi donc, renchérit-il avec tendresse. Comment quelqu'un pouvait être aussi adorable et sexy à la fois ? pensa-t-il alors que son regard passait de ses fossettes à ses yeux puis à ses lèvres. Mais je dois t'avouer que je m'inquiète du nombre de balles de tennis que tu dois te prendre en pleine figure avec une coordination pareille, lança-t-il à la blague en faisant allusion à son petit incident quelques minutes plus tôt. Ça serait dommage d'abimer un si joli visage quand même. Une pointe de flirt incontrôlée dans la voix, il se leva tranquillement. Le barman a l'air plutôt occupé, commença-t-il alors qu'un des clients renversait son verre pour la deuxième fois, je vais aller au comptoir. Tu bois quoi ? Sa main s'était délicatement posée sur le dos de la brune, dans l'attente d'une réponse qui donnerait le ton pour la suite.

Tu ne t’étais pas vraiment fait prier pour faire un détour au pub avant de rejoindre le court de tennis. Peut être le karma, le hasard t’as puni d’être aussi heureuse de venir à la rencontre cet homme. Peut être que cet incident stupide contre ta cuisse était un signe. Sur ce coup-ci, tu préfères simplement te dire que c’est ta maladresse ou le fait d’être si pressée. Il est vrai qu’il y avait peu de femmes à cette heure de la journée et c’est dommage. Tu l’as trouvé facilement, après tout il se démarque rapidement des autres hommes présents dans cette pièce boisée. Tu ne tardes pas à prendre place prêt de lui. Allen, tu aimes l’entendre dire ton nom. Comme une vieille chanson. Tu te rappelles l’avoir appelé par son nom de famille si souvent, depuis si longtemps. Tu souris également quand tu comprends qu’il est heureux de te voir aussi. La tête dans ta main accoudée sur la table, tu te contente de le regarder et de lui sourire. Tu l’écoutes te parler et se moquer de ton manque de coordination. Tu ne relèves pas les mots sur ton joli visage mais tu les imprimes quelque part au fond de ta tête. Tu devrais pas t’inquiéter, ils peuvent pas gagner, dit-tu en souriant et en relevant ta tête avant d’attraper ta raquette posée contre la table. Essayant de la faire tourner comme Lucky Luke fait tourner son revolver. Celle-ci venant taper sur la table et provoquer quelques têtes retournées vers eux. Tu grimaças, tu as peut être raison, ajoutes tu avant de laisser la raquette reprendre sa place. Bonne idée, tu acceptes avec plaisir qu’il se charge d’aller vous prendre quelque chose à boire. Tu réfléchis quelques instants, n’ayant pas vraiment pensé à cela. Tu pensais prendre quelque chose de léger pour être en forme à l’entrainement … peu importe, comme toi ! Te laisse tu aller, tentant de ne pas faire attention à sa main puissante dans ton dos. Presque un déchirement de le voir s’éloigner alors qu’il n’est qu’à quelques mètres et que sa commande sera rapidement honorée. Tu profites cependant de son trajet vers le bar pour croiser tes jambes et tenter de voir si tu avais une marque là où tu t’étais cognée. Tout en étant discrète sur tes agissements avant de relever la tête vers Hawkins, légèrement rougissante de cette envergure. Tu te redresses normalement et le regarde s'installer à son tour près de toi. Merci, lui dis-tu simplement lorsqu'il dépose ton verre sur la table, sans arrêter de lui sourire.

Il la regardait lancer sa raquette un peu n'importe comment et un grand sourire se dessinait sur son visage, dévoilant de légères rides aux coins de ses yeux bleus. Il la trouvait un peu bête, mais le genre qui vous fait rire et qui vous fait vous demander ce que vous feriez si cette personne n'était pas votre vie. Si tu fais pas attention, tu vas sortir d'ici entièrement couverte d'hématomes, lâcha-t-il amusé après le choc de la raquette sur la table qui avait attiré le regard des clients un peu plus loin. Fût un temps pas très loin ils étaient effectivement couverts d'hématomes, mais pour d'autres raisons. Alors que la main du grand brun glissait doucement dans la bas du dos de Nikki, cette dernière décida de lui laisser le champ libre pour leurs consommations. Il arriva au comptoir et discuta quelques secondes avec le barman qui lui fit remarquer qu'il avait une bouteille de vin blanc plutôt pas mal en stock et que ça devrait ''plaire à la belle brune''. Tom se tourna légèrement pour jeter un coup d'oeil vers son amie et acquiesça, habitué que les hommes notent sa beauté, non sans l'apprécier un peu plus à chaque fois qu'il la voyait. Alors que le barman déposait leurs coupes bien remplies sur le comptoir, un client à l'autre bout du bar cria quelque chose d'à peine compréhensible et l'homme devant Tom éclata de rire en prenant un plateau. L'architecte ne comprenant pas trop ce qui se passait fronça les sourcils, ce que le barman remarqua. Bob vous offre des shooters, dit-il en sortant un bouteille de tequila pour remplir deux shooters. Tom aurait très bien pu deviner juste à l'odeur. Enfin, il les offre surtout à elle, ajouta-t-il d'un signe de tête vers Nikki. Il déposa le tout dans un petit cabaret qu'il lui tendit alors que Tom lui déposait quelques billets sur le comptoir et s'emparait de leur butin. Il avait travaillé dans quelques bars pendant ses études à New York, alors manier tout ça n'avait rien de difficile pour lui. Il revint à la table auprès de Nikki et déposa le cabaret sur la table. Tu plais beaucoup à Bob, je crois, souffla-t-il près de l'oreille de son amie avant de s'asseoir face à elle. Tu me plais beaucoup aussi, pensa-t-il aussitôt avant de secouer brièvement la tête comme pour se ressaisir. Il pris un des verres de vin pour lui et le tendit en l'air en se mordant légèrement la lèvre inférieure. Trinquons à ton succès auprès des sexagénaires, plaisanta-t-il, son regard passant encore des yeux de la brune à ses lèvres, impuissant face à son inconscient.

Tu aimes quand il sourit, quand il rit devant tes bêtises. Tu aimes qu’il te dise de faire attention. Si à cet instant il y a de l’humour après que tu aies fait voltiger ta raquette de tennis, tu te dis qu’au fond il y a peut être une marque d’affection, qu’il ne veut pas que tu te fasses mal. Sa main dans ton dos donne une sensation délicate. Le contact avec lui te ferait presque frissonner. Cette main si grande et puissante, tu regrettes presque de porter un pull en paille. Ta peau est attirée par cette paume incroyable. Alors qu’il est parti vers le bar, tu ne peux t’empêcher de poser tes yeux sur cette silhouette divine. Les quelques plis imparfaits de sa chemise blanc immaculé te laissent deviner ce dos musclé, ces épaules solides auxquelles tu aimes a aimé t’agripper il y a plusieurs mois de cela. Tu essaies de retirer ces songes de ton esprit alors qu’il n’est qu’à quelques mètres. Les jambes croisées, les bras sur la table tu joues nerveusement avec la pointe des tes cheveux hautement attachés. Tu regardes aussi autour de toi. Il est vrai que certains hommes te sourient mais tu sens une réelle bienveillance de leur part. Ce serait hypocrite de dire que tu n’apprécies pas de susciter de l’intérêt chez la gente masculine. Il est cependant assez rare que tu te laisses aller, que tu répondes réellement à ces intérêts. Celui qui présentement porte toute ton attention est devant le bar, tu vois qu’il se retourne par moment vers toi. C’est finalement quelques instants plus tard qu’il revient avec un plateau. Posé devant toi tu arques un sourcil en observant deux verres de vin blanc accompagnés de deux shooters. Tu comptes m’enivrer ? lui demandes tu alors qu’il s’installe de nouveau en face de toi. C’est dit sur le ton de l’humour mais avec une petite pointe de curiosité. Ses intentions sont certainement plus simples que ça, savourer un verre avec une bonne amie. Ou tu veux finalement que je me retrouve avec plein d’hématomes … phrase à double sens, tu te rends comptes après l’avoir soufflée de tes lèvres pourpres. Tu te disais seulement que si tu buvais de l’alcool tu risquais de ne pas marcher droit pour aller au tennis après. A vrai dire, tu ne sais même pas si tu vas y aller, tu devrais mais la compagnie de Hawkins est si plaisante. Tu souris également quand il évoque Bob et prends toi aussi ton verre. Tu le lèves en riant, en regardant le fameux Bob qui faisait de même et qui retourna rapidement à ses occupations. Ton regard se porte alors de nouveau sur Tom face à toi et qui trinque à ton succès. Si tel est mon destin ! réponds tu simplement avant de venir cogner doucement ton verre au sien et de boire une gorgée de cet élixir. Trinquons à ce moment ensemble ! rajoute tu en lui souriant de nouveau. Tu te pinçais légèrement les lèvres avant de boire une nouvelle gorgée. La table entre vous comme distance de sécurité ne t’empêche pas de poser tes yeux sur lui, de divaguer sur son cou, ce col blanc qui rebique légèrement, cette fossette au menton. Rapidement, avec ta chaise tu te décales pour venir à côté de lui. Tu ne le colles pas bien sur, même si tu le voudrais peut être, mais la distance est assez rapprochée pour que ta jambe frôle la sienne quand tu les croises. Ça va toi ? lui demandes tu sincère, tournée vers lui, un bras contre le haut de ta chaise et le deuxième sur la table, verre dans la main. Les yeux continuant de parcourir son cou, ce col qui t'intrigue, remontant sur son visage. Ce nez parfait, ces yeux bleus et cette bouche. Cette bouche ...

S'il comptait l'enivrer ? Il y avait songé brièvement tout à l'heure alors qu'il contemplait le menu, il ne pouvait pas le nier. Mais comme à chaque fois qu'il était question de Nikki, une bataille psychogique avait eu lieu entre sa raison et son envie, et la première avait gagné de justesse. C'était une guerre interne qui n'était clairement pas près de se terminer. Je les bois tous les deux, si tu veux. Faudra garder le secret, par contre. Je voudrais pas décevoir Bob, dit-il en haussant les sourcils et en pointant le fameux client du regard. Cette remarque était plutôt ironique sachant le secret qu'ils gardaient tous les deux depuis plusieurs mois. Et on aurait dit que chacune de leurs paroles était teintée de double-sens, depuis. Craignant de faire passer le feu de broussailles en incendie, Tom n'ajouta rien à cette allusion que Nikki avait faite à de potentiels nouveaux hématomes. Il se contenta de mordre légèrement l'intérieur de sa joue qui se colorait d'un rose qui trahissait clairement ses pensées sur le sujet. À nous ! clama-t-il a son tour alors qu'il portait sa coupe a ses lèvres, rendant son sourire à son amie. Puis elle se rapprocha assez pour le frôler accidentellement et il sentit son odeur. Son coeur s'emballa aussitôt. Il avait l'impression que chaque atome de son corps voulait se rapprocher d'elle, comme si Nikki et lui n'avait déjà fait qu'un et qu'elles tentaient de retrouver leur moitié perdue. Il n'y avait que la perspective de ce match de tennis pour les sauver, décidément. C'est un peu la folie au boulot, avoua-t-il gardant le cap sur cette discussion très adulte qui les préservait pour le moment d'un dérapage. J'imagine que c'est un peu la même chose pour toi ? Il évitait de mentionner les problèmes avec Shae. La culpabilité les avait bien assez vite gagné la dernière fois. Il ne voulait pas prendre la chance de voir Nikki et lui s'éloigner une nouvelle fois.

Une tentation est palpable entre lui et toi depuis que tu es arrivée. Depuis plusieurs moi en fait. Tu ne sais pas ce qui est arrivé. Enfin, actuellement tu te souviens du soir où ça a dérapé. Tu ne l’avais pas vu venir, lui non plus. Il n’y avait rien de calculé, c’est seulement arrivé. Une succession de petits jeux idiots vous ont mené jusqu’au septième ciel. Normalement, ça aurait dû s’arrêter là – ne jamais arriver. Vous avez passé des années à être amis sans problème. Vous aviez chacun votre vie, vos parcours amoureux. Vous vous parliez très régulièrement. Vous avez déjà partagé des repas, des fêtes avec la team du lycée, avec sa famille, avec ta famille. Si les copains du lycée vous taquinent parfois sur un éventuel come back, vous en riez et passez rapidement à autre chose. Pris de frénésie vous n’avez pas su vous arrêter. Pendant plusieurs semaines vous vous êtes vus, personne ne l’a su. Vous avez réussi à passer entre les mailles du filet jusqu’à ce que vos remords deviennent douloureux. C’est comme ça que vous avez décidé, sans vraiment vous concerter, de ne plus jamais en parler. Comme si certains mots risquaient de tout bouleverser, de gâcher des vies. Vous ne parlez pas de ça réellement mais les sms tous les jours, plusieurs fois par jour parfois virent au flirt insouciant. Tu souris à sa remarque, il est adorable de vouloir se sacrifier pour toi. Mais tu ne le permettrais pas. J’aime bien les secrets … dis tu l’œil rieur, avant de se tourner vers le petit cabaret … mais je ne ferai pas ça à Bob. Tu jettes un œil à Tom à côté de toi, attentif. Tu prends le premier shooter entre tes bras et l’amène rapidement à ta bouche et le consomme. Tu te pinces les lèvres avant d’enchainer avec le second. Tu emmène ton point contre ta bouche une demi seconde, tu sens la chaleur parcourir ta trachée et tes joues rougir légèrement avant. Ton attention se prête alors à nouveau sur le visage de ton voisin de table. Tu te pinces les lèvres entre deux sourires. Tu aimes l’entendre trinquer à vous deux mais n’enchéris pas et te contente de boire cette fois ci une gorgée du verre de vin blanc, beaucoup plus doux que les deux shooters. Tu lui demandes sincèrement comment il va et tu l’écoutes attentivement parler de son boulot tout en passant la main au niveau de tes cheveux et les libérer de cet élastique noir pour qu’ils retombent sur tes épaules. Ils sont légèrement en batailles mais il te suffit d’un geste ou deux pour arranger ça, en tout cas sauver un peu la mise. C’est vrai, c’est folie aussi …c’est pour ça que je profite de mon temps libre pour jouer au tennis. Je manque cruellement d’activité physique … dis en changeant le croisement de tes jambes. Jambe qui glisse sur le genou de Hawkins avant de revenir sur le tien. Tu lui souris toujours, avant de boire une nouvelle gorgée de ton élixir sans le quitter des yeux.

Il lui arrivait parfois - plus souvent depuis le chalet - de repenser au lycée, à leur relation et à la fin de celle-ci. Tout était flou, il avait l'impression que les événements s'étaient enchaînés à une vitesse folle sans qu'il n'ait réellement pu changer le cours de ceux-ci. La rencontre de Nikki et Wayne, sa lettre d'acceptation pour Cornell à New York, tout. Ça lui donnait le vertige. Aujourd'hui, ils étaient pris - enfin, surtout Tom - dans cette roue qu'était la vie adulte, avec Elio, un mariage en naufrage, cet impression constante de manquer de temps. Il avait songé à embaucher une assistante pour déléguer certaines tâches et souffler un peu, mais il finissait toujours par remettre ça à plus tard. Comme si la perspective d'avoir plus de temps à la maison avec Shae ne l'enchantait pas plus que ça. Après tout, c'était rendu tellement froid entre eux. Si ce n'était des bagues qu'ils portaient aux doigts, ils passeraient pour deux collocataires. À contrario, là avec Nikki qui s'enchaînait deux téquilas comme s'ils avaient la jeune vingtaine, il se sentait vivant et avait l'impression que chaque seconde était précieuse. T'as pas trop perdu la main, dis donc, dit-il les yeux pétillants et le sourire accroché aux lèvres, captivé par l'énergie sans pareille qu'elle dégageait. Il la regardait dénouer ses cheveux, le visage à moitié caché par la coupe de vin dont il prenait une gorgée. Ses petites couettes rebelles lui rappelait ces matins où ils s'étaient réveillés ensemble, complètement exténués d'une nuit qui s'était étirée jusqu'aux petites heures. Il pouvait sentir sa respiration s'accélérer et se demandait si la musique du bar arrivait à dissimuler sa perte de contrôle. Cette allusion au manque d'activité physique que venait de faire Nikki n'aidait en rien l'architecte, surtout accompagné d'un autre contact sous la table. Le regard du grand brun n'avait pu s'empêcher de dévier sur la cuisse de l'avocate qui s'était dévoilée un peu plus lors du décroisement. Moi aussi, finit-il par dire dans un souffle alors que son regard venait se replonger dans le sien, peut-etre que je devrais me mettre au tennis, aussi. Il se mordit la lèvre. Ou autre chose. Une autre gorgée. Le regard qui s'éternisait, comme une invitation à transgresser les règles une fois de plus, sa raison ayant capitulée devant l'assaut de provocations répétées.

Il est vrai que tu commences à avoir chaud. De tes joues rosées par la tequila ou les yeux si doux de Tom sur toi. Tu as toujours été une jeune fille joviale et festive. Tu aimais boire un peu pendant les soirées. Tu te souviens de fous rires tellement faciles grâce aux pouvoirs de l’alcool. Sans alcool tu ris facilement aussi. Tu es devenue plus réservée ces dernières années. L’arrestation de Wayne et votre rupture t’as réellement brisé le cœur. Ça a cassé quelque chose chez toi. Tu préférais t’enfermer chez toi que sortir. Tu n’osais plus vraiment t’attacher aux autres ou les laisser entrer dans ta vie. Tu as mis tes priorité sur ta fille, ton travail ou les jeunes filles que tu aimes tant accompagner. Boire deux shooters comme ça c’est quelque chose que tu n’avais pas fait depuis longtemps. De temps en temps avec Amélia tu t’attardes à quelques verres mais ce soir c’était différent. Il y a un jeu entre vous qui ne cesse de s’alimenter. C’est effrayant, tu sais que c’est dangereux. Egoïstement tu savoures ses sourires et repenses à vos quelques semaines. Il est vrai que vous vous êtes connus au lycée, qu’il est le premier garçon avec qui tu as couché. Tu te souviens que vous vous entendiez très bien mais aujourd’hui c’est différent. Tu ne saurais dire si tu l’as redécouvert ou simplement découvert. Après tout vous avez grandi, muri et le sexe est bien meilleur. L’attrait du plaisir est sans doute ce qui vous a poussé à vous revoir une deuxième fois et ainsi de suite. Tu es toute fière de toi quand il te dit que tiens le coup, que tu n’as pas perdu la main. Je ne voulais pas décevoir Bob … ajoutes-tu prolongeant cette blague entre vous. Et je savais que tu me rattraperais si besoin … il ne t’aurait pas laissé tomber après deux shots de Tequila. Ils étaient forts, ils étaient bons et c’est exactement ce dont tu avais eu besoin ce soir. Les phrases à double sens continue. Tu te demandes toujours si vous parlez réellement de la même chose, autrement dit la possibilité de vous envoyer en l’air. Tu n’étais pas très subtile en parlant d’activité physique et il a tout de suite saisi ta perche. Tu devrais oui … mais tu ne pourras pas gagner contre moi ! dis tu en te pinçant de nouveau les lèvres et cette fois passant réellement ta jambe entre les siennes. Tu te rapproches encore un peu de lui, du bout des doigts tu viens relever ce col rebiqué qui t’intrigue depuis le début. Tu regardes son cou, puis sa bouche. Tu crois que Bob sait garder les secrets ? lui demande tu dans un murmures.