It's gonna be okay ft Alba

It's gonna be okay

@Alba Williams & Stella

Aujourd'hui était l'un de ses jours banales où je devais me rendre au travail. C'est dingue le nombre de morts qu'il pouvait y avoir dans cette ville. Le nombre de cadavres que je devais identifier et étudier chaque jours. Parfois ce travail était vraiment fatiguant et épuisant moralement comme physiquement. J'étais arrivée à l'hôpital, j'avais pris l'ascenseur pour me rendre dans les sous sols. Il n'y avait encore pas grand monde. J'étais arrivée dans mon bureau. Des tas de dossiers étaient posés sur la table. Je lâchais alors un léger soupire. Des morts, encore des morts... Et mon envie de vomir qui revenait sans cesse. Bientôt tous ces cadavres allaient me faire avoir des hauts le coeur, je le savais... J'allais devoir rapidement trouver une solution d'ailleurs...  

Un dossier arriva dans mes mains, un couple d'inconnus. Une jeune femme avait signalé la disparition de ses parents il y a quelques jours, ce dossier pouvait peut être correspondre à ses cadavres. Je me devais de vérifier tout ça. J'enfilais ma blouse, je pris mon téléphone  « Allo Carter ? Oui, bonjour, pouvez-vous contacter la jeune fille qui a signalé la disparition de ses parents ? Oui ? Merci. » Je raccrochais. Les autres membres de la morgue allait contacter cette jeune fille et j'allais surement devoir lui faire identifier ces deux corps.

Quelques temps, même quelques heures étaient passées. Voilà qu'on frappa à mon labo. Je me dirigeais vers la porte pour enfin ouvrir. Là, se tenait devant moi deux agents de la police, ainsi qu'une jeune femme blonde désemparée. Je vis dans ces yeux une certaine détresse. Je serrais la main de chacun des individus  « Bonjour, docteur Lane-Stillinsky, suivez-moi » me présentais-je alors rapidement. Je fis un signe de tête aux messieurs  « Ça ira messieurs, je m'en occupe » et pris la jeune fille par les épaules  « C'est par ici mademoiselle vous me suivez ? Ça va aller...» Il n'y avait jamais de bonne manière quand on emmenait une personne identifier un corps. C'était toujours une chose délicate. Mais je restais la plus bienveillante possible dans cette rude épreuve.

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@Alba Williams & Stella

Je ne pouvais pas imaginer ce que pouvait ressentir cette petite blonde. Si un jour on m'appelait pour m'annoncer que je devais identifier un corps ça serait probablement celui de Bobby ou celui de Wayne, mes frères. Je ne pouvais pas imaginer une telle chose. Mon monde s'effondrerait sûrement. Je serais en panique, a phone, incapable de dire quelque chose, stoïque, je n'y croirais même pas je pense. Ça pourrait tout aussi bien être le corps de mon ex mari pas tout à fait ex. Horrible, je ne peux pas y songer. Et pourtant, c'est ce que je faisais indirectement vivre à toutes ces personnes chaque jour, les un à la suite des autres. Bien sûr ce n'était pas ma faute, je le savais bien, mais je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir coupable quand je faisais venir une personne pour identifier un corps. J'avais annoncé à la jeune femme qu'elle pouvait me suivre pour savoir si oui ou non c'était ses parents qui se trouvaient couchés sous ces draps blancs.

La demoiselle s'adressa à moi en me demandant si je pensais que c'était eux, ses parents. Elle me demandait si je pensais que c'était ses parents qui étaient étendus là, sous ce macabre tissu. Un frisson parcouru mon corps de haut en bas, de la tête aux pieds. Je ne sais pourquoi, cela ne faisait que quelques minutes, quelques secondes même peut être que j'avais rencontrée cette jolie demoiselle et j'éprouvais énormément de peine. Je m'identifiais à elle, alors que j'avais l'habitude de faire ça. Ces hormones qui se baladaient à l'intérieur de mon corps n'étaient vraiment pas bon. Je devenais beaucoup trop sensible. Enfin, pour ma défense, d'habitude mon boulot c'est d'identifier les corps, dans mon labo, seule face à eux. L'interaction avec les êtres humains vivants qui sont des membres de la famille, des enfants, des parents, c'est plus rare. Je regardais la jeune femme aux yeux de biche, qui se retenait de pleurer avec une légère moue. Je me permis de lui déposer une main dans le dos compatissante « Je ne peux pas savoir... mais nous allons vérifier ça toutes les deux, je resterais avec vous, je serais là et si ça ne va pas on arrêtera. Vous pourrez prendre le temps que vous voudrez. D'accord ? » restais-je naturellement la plus compatissante et bienveillante possible. Je me dirigeais un peu plus loin « Vous voulez boire ou manger quelque chose ? » lui proposais-je finalement. Je me doutais bien qu'elle devait être nouée et ne pouvait pas avaler grand chose, mais peut-être qu'un verre d'eau lui ferait du bien ?

Je regardais la jeune femme attendant qu'elle me réponde quand elle pourrait. Je ne pouvais pas me permettre de lui dire si oui ou non je pensais que c'était sa famille sous ses draps. Je n'avais pas le droit. Imaginez le désastre, la faute professionnelle si c'était réellement eux sur là-dessous. « On y va quand vous voulez... si vous voulez parler avant, on peut toujours. » lui proposais-je. Je m'efforçais de faire de mon mieux et de trouver des solutions pour pouvoir détendre un peu plus la jeune femme entre guillemets. Même si c'était carrément impossible dans cette situation qu'elle puisse se reprendre. Je l'avais soutenue du regard pour lui faire comprendre qu'elle n'était et ne serait pas seule dans cette difficile épreuve.

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@Alba Williams & Stella

J'étais quelqu'un d'assez dur d'ordinaire. Élevée avec des hommes, toujours entourée de mes deux frères, j'avais suivi leur pas. Je n'étais pas du genre à me laisser porter par mes émotions. Mais là, j'étais enceinte, les hormones me faisaient défaut. Alors, quand j'avais vu cette jeune femme apeurée entrer dans mon labo, j'avais été obligée de me montrer compatissante, tout en restant professionnelle et en ne lui disant pas des choses qu'elle voulait entendre comme si je pensais que c'était oui ou non ces parentslà-dessous. D'une je n'en savais rien et de deux je n'avais absolument pas le droit. J'avais vu qu'elle était mal. Je ne pouvais pas rester de marbre. Je lui avais alors proposé d'attendre un peu et de boire ou manger quelque chose. D'un sourire crispé elle s'était alors forcée à me répondre que non et qu'elle ne pouvait rien avaler. J'avais alors hoché la tête et maintenant mes deux mains entrelacées devant moi « Très bien, je comprends, pas de soucis. » La jeune femme plaça alors une main dans sa nuque nerveusement, je l'observais.

Par la suite je lui avais alors annoncé qu'on irait à son rythme, quand elle le souhaiterais. J'avais même essayé de lui proposer de discuter avant pour la décontracter un petit peu. Mais sa réponse ne se fit pas attendre. Elle ajouta que je pouvais y aller, qu'elle était prête et qu'il fallait en finir. « Très bien... » ajoutais-je sans rien de plus. Je décroisais mes mains, je me plaçais de l'autre côté de la table d'opération recouverte de ce drap blanc. La jeune femme face à moi impatiente de découvrir ces corps, non pas par plaisir, mais par hâte de savoir si oui ou non ses parents se situaient là-dessous. Je posais mes mains sur le haut du drap et le soulevait enfin de manière assez rapide mais brève. Ce n'était pas une patrie de plaisir, loin de là. C'était un moment tendu et horrible. La jeune femme eu le temps de voir la tête des deux personnes couchées sur la table. Je reposais alors le drap sur leur deux têtes. S'en était assez. Il n'y avait pas besoin de plus. J'observais maintenant la jeune fille pour savoir si oui où non il s'agissait de ses parents et que les deux inconnus étaient identifiés ou si j'allais devoir encore revivre cet épisode plusieurs fois avec d'autres personnes afin de savoir qui ils étaient.

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@Alba Williams & Stella

La tension pouvait être à son comble dans cette salle de laboratoire ce matin. Avec mon métier, j'avais l'habitude de vivre des choses difficiles. Mais, cette jeune femme m'avait particulièrement touchée. Je ne saurais dire pourquoi. Elle semblait tellement forcer à rester forte. Elle avait le droit de craquer, après tout c'était peut-être ses parents, qui étaient étendus là-dessous ses draps morbides. Mais, non, elle ne craquait pas. Je lui avais proposé de manger ou boire quelque chose, la jeune femme m'avait assez rapidement coupée dans mon élan en me disant qu'elle ne pouvait rien avaler. J'avais attendu son avale pour dévoiler les corps. Elle m'avait enfin donné le signal. J'avais pris toutes les précautions possibles. Je fis le geste de manière assez rapide. C'est alors que je vis des larmes rouler sur les joues de la jeune femme et sa bouche s'entrouvrir sans qu'elle ne sorte un seul mot de sa bouche. En voyant cette action, un énorme haut le coeur m'arrivât dans la poitrine. Je ne savais pas si ça voulait dire qu'elle venait de voir ses parents ou si c'était simplement des pleurs de soulagement, car ce n'était pas eux.  Je ne pouvais pas imaginer ce qu'Alba pouvait ressentir à ce moment précis. Ce qu'elle pouvait penser ou sentir au plus profond d'elle-même. Après un soupire, la réponse que j'attendais ce fit entendre. Ce n'était pas eux. Elle essayait de rester stoïque, mais je sentais qu'au fond elle était tout de-même soulagée. Qui pourrait se « réjouir » de la mort de ses parents ?

C'est alors que je vis un semblant de visage apparaître sur son visage. Elle me remercia. Au fond je n'avais pas fait quelque chose d'extraordinaire. Après tout, ce n'était pas de mon ressort si oui ou non c'était ses parents qui étaient étendus sous ses draps ou pas. Je lui adressais alors un léger signe de tête quand elle m'adressa sa main pour serrer la mienne gracieusement. « Je suis contente pour vous. » lui avouais-je enfin. J'étais véritablement sincère. J'étais soulagée, même. Cette jeune fille semblait ne pas mériter cela. Quoi qu'il en soit, ma journée n'était pas terminée, j'allais devoir retrouver à qui appartenait ces deux corps. Je lui adressais finalement un léger sourire aussi, sentant que l'atmosphère avait quelque peu changé. « Et maintenant ? Vous souhaitez boire ou manger quelque chose ? » proposais-je de nouveau, sans me montrer trop insistante tout de même. Je comprendrais qu'elle refuse, étant donné ce qu'elle venait de vivre.

Spoiler:

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