the morning after

Il pleut dehors. Tes yeux ne voient que le brouillard du matin. Pourtant tu es déjà prête pour affronter cette nouvelle journée. Ces temps ci, tu as l'impression qu'elles se ressemblent toutes. Pourtant, tu ne dis rien, tu continues. Tu es une personne formidable et ce matin tu vas faire ce que tu dois faire. Parce que tu dois le faire mais sans doute parce que tu aimes le faire. Bien que surmenée, tu ne peux t'empêcher de décrocher un sourire de tes lèvres lorsque tu le vois heureux de te dire bonjour. Ses yeux innocents te regardent comme la huitième merveille du monde. Adossée à l'évier, une tasse à la main. L'odeur du café t'apaise, te donne du courage pour les prochaines heures qui t'attendent. Ton enfant, toute ta vie devant toi prend des forces aussi. Lui aussi a de belles choses à vivre et à découvrir aujourd'hui. Tu entends ton mari qui descend les escaliers. Il est déjà prêt. Il sourit aussi, prend le temps d'embrasser sa chair. Il te regarde et vient t'embrasser machinalement sur le bout des lèvres. Il te souhaite une bonne journée. Un rituel. Parfois tu voudrais plus, qu'il te dise que tu es jolie. Tu te perds dans tes pensées en écoutant la pluie tomber sur la vitre de la cuisine. Tu amènes la tasse à ta bouche, c'est encore brûlant. Ton regard se perd sur ton enfant lorsque ton cerveau s'émerveille des rêves que tu fais. Tu ne te souviens pas de tes songes de la nuit passée. Mais tu divagues. Tu penses à ton mari, si seulement tu lui avais sauté dessus hier soir. Tu espères que lui le fera ce soir. Mariée depuis plusieurs années, la passion semble s'estomper. Tu ne perds pas espoir mais tu ignores les appels du pied de ton collègue. Tu mentirais si tu n'avais pas été flattée voire émoustillée de voir cet homme s'intéresser à toi. Le grincement de la chaise lorsque ton amour pose ses pieds nus sur le parquet en bois. Tu sursautes presque, revenue à la réalité. Pas de doutes, vous êtes en retard. Tu en jettes la tasse dans l'évier. Vite, la douche, le cartable, le goûter. Tu souffles, soulagée. La grille de l'école n'est pas encore verrouillée. Tu éviteras les regards des parents parfaits qui jugeront ton manque de ponctualité. Après avoir embrassé ton petit garçon, tu lèves les yeux et tu peux apercevoir le désarroi, l'embarras. La transpiration de cette course effrénée du matin. Les papas, les mamans, les grandes sœurs, les baby sitter qui te rappellent que tu n'es pas seule.